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Critique de Allantvers


Je fais partie de ces gens à qui Balzac fait peur et rebute, et qui cherche à soigner le mal par le mal en m'en injectant de temps à autre une petite dose afin d'en conjurer les effets.
Stratégie qui aura parfaitement fonctionné avec Eugénie Grandet, à la fois tragédie terrible et comédie grinçante dans laquelle je ne m'attendais pas à plonger si facilement et avec autant de plaisir.

Tout ce que l'on se figure De Balzac est là dans ce huis clos oppressant entre les quatre murs de la masure de cet avare bestial de Grandet : l'observation minutieuse de la mesquinerie provinciale, la peinture de moeurs et le poids démesuré de l'argent dans les rapports sociaux, mais surtout la peinture de deux caractères radicalement antagonistes : le vieux Grandet, dont l'avarice et la barbarie du comportement relèvent de la psychiatrie lourde, et la jeune Eugénie dont la pureté d'âme et la générosité de coeur sont sacrifiées sur l'autel de la passion morbide de son père pour son or.

Au long de l'intrigue, d'une cruauté d'autant plus abominable qu'elle est émaillée en contrepoint de comique avec les notables de Saumur venant courtiser la fille pour obtenir l'or du père, ce qui marque le plus profondément est l'éveil progressif de la jeune Eugénie, maintenue par le père dans l'ignorance et la soumission, découvrant l'amour, y puisant une force insoupçonnée pour enfin déployer toute la noblesse de son caractère sur les cendres d'une tragique trahison.
Un classique incontournable, épouvantable et pathétique, avec juste ce qu'il faut de lumière pour ne pas devenir définitivement misanthrope.
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