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Critique de Meps


Meps
03 décembre 2019
Dans la continuité de mon exploration "Qu'est-ce qui fait qu'un classique devient un classique ?", voici l'épisode Eugénie Grandet.
Dans ma lente exploration de la Comédie Humaine au fil des années, j'ai ces derniers temps plutôt lu les livres moins connus, souvent plus courts. j'y ai trouvé du bon et du moins bon. Il était temps de me confronter à un des livres stars et d'essayer de comprendre ce qui en avait fait la renommée.

Eugenie Grandet ne fait pas partie des pavés de l'oeuvre De Balzac (plus de 300 pages tout de même en poche), le critère qui ferait des oeuvres massives des meilleurs classiques ne fonctionne pas ici. Au contraire, cette brièveté toute relative contribue pour moi à la qualité de l'ouvrage. le livre est d'un seul tenant, sans parties ou chapitres pour en casser le rythme. Bien sûr, comme souvent dans les oeuvres du 19ème siècle, le début est une description détaillée du contexte géographique et des personnages principaux, au physique comme au moral. Mais les évènements s'enchainent ensuite et on ne lâche pas facilement cette succession d'évènements qui vont bouleverser des vies bien rangées et ordonnées.

Ce qui fait ensuite la spécificité de cet opus balzacien, c'est l'universalité du message, même si l'époque dépeinte a tout de même son importance (ne serait-ce que par la confrontation entre la bourgeoisie montante et la noblesse qui s'accroche à son prestige). L'auteur y oppose l'argent et ceux qui ne vivent que pour lui et la religion et ses adeptes. Si il semble dans un premier temps se positionner dans la simple condamnation des avares et dans la glorification de la foi et des vertus qu'elle défend, le cours de son récit finit presque par mettre les deux opposants dos à dos, en tout cas dans leur inaptitude commune à atteindre un bonheur réel. Entre l'argent et la religion, Balzac évoque aussi l'ambition, la recherche de la gloire, qui va souvent de pair avec le profit mais qui conçoit l'argent comme un moyen plus que comme un but définitif à atteindre.

Ce qui surprend aussi ici, c'est que les personnages semblent dans un premier temps assez caricaturaux. Là où Balzac dépeint d'habitude des figures complexes, remplis de paradoxes, les individus qui se croisent ici semblent plus dans un premier temps des symboles incarnés: L'Avarice par le Père Grandet, la Piété par Madame Grandet, l'Innocence par Eugénie, l'Ambition par Charles Grandet. Mais la confrontation de ces caractères symboliques finit par les faire bouger, les rendre moins granitiques et inamovibles. le tout est organisé magistralement par un auteur qui est le roi du théâtre romanesque.

Bref, un vrai bon tome qui mérite sa renommée, avec l'opposition Province-Paris, bourgeoisie-noblesse, maitres et serviteurs. Une Comédie humaine en miniature, qui reprend presque l'ensemble des thèmes de la saga balzacienne. Pas de recette toute faite pour obtenir un classique, mais quelques critères qui ne trompent pas et garantissent la qualité.

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