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Critique de jelgertijmenbakker


Chacun a sa part d'ombre, mais quand on est caissier chez le banquier Nucingen et qu'on est criblé de dettes, on a fatalement tendance à en avoir un peu plus...
Balzac avait déjà eu l'idée d'écrire une suite de Melmoth l'homme errant (Melmoth The Wanderer), roman noir de Charles Robert Maturin (publié en 1820 et en traduction française l'année suivante), lorsqu'il était occupé à écrire La peau de chagrin fin 1830.
Manque de temps, ce projet était avorté à plusieurs reprises, pour finalement se concrétiser à la fin de 1834 quand Balzac était en pleine rédaction du Père Goriot.
Fervent admirateur du roman de Maturin, dont Balzac avait même acquis les droits de réimpression en 1828, il aspirait à intégrer le personnage de Melmoth dans sa propre oeuvre.
Homme au regard insoutenable et au rire terrible, condamné à errer sur terre après avoir conclu un pacte avec le diable, Melmoth pouvait toutefois briser ce pacte s'il trouvait un autre preneur. C'est ici que Balzac met Melmoth en scène en plein Paris de Louis-Philippe, où règnent l'argent et la cupidité.
Endroit idéal pour trouver une victime qui voudrait bien voir son âme damnée contre monnaie courante. L'ancien dragon dans les armées napoléoniennes Castanier, par exemple. Caissier chez Nucingen, prêt à falsifier une lettre de change contre 500.000 francs car il est endetté jusqu'au cou à cause de sa maîtresse Aquilina ; il se voit alors contraint par Melmoth de reprendre le pacte maléfique.
Il s'agit d'un véritable roman charnière dans l'oeuvre De Balzac, qui relie la Comédie des ténèbres (les romans noirs du jeune Balzac) avec la Comédie humaine en gestation, où, à l'instar de la peau de chagrin, le fantastique surgit dans le réel.
Publié pour la première fois dans un recueil intitulé le livre des conteurs en 1835, Melmoth réconcilié est la première oeuvre où Balzac introduit le retour de ses personnages, avec Aquilina, prostituée que nous retrouvons déjà dans La peau de chagrin, ici maîtresse de Rodolphe Castanier, caissier dans la Maison Nucingen dont nous retrouvons le banquier et sa femme Delphine dans le père Goriot, roman auquel Balzac travaillait encore quand il rédigeait Melmoth réconcilié.
L'argent y joue un rôle prépondérant, comme dans la plupart des romans De Balzac. Il tient à la fois de l'étude de moeurs, du récit fantastique et d'ouvrage mystique édifiant qui aborde le thème de la rédemption.
J'ai beaucoup aimé les tons en clair-obscur du récit, l'intrusion de Melmoth dans la vie parisienne à l'époque de Louis-Philippe, les scènes terrifiantes au théâtre du Gymnase et la fin de Melmoth dans la rue Férou près de Saint-Sulpice.
À lire de préférence le soir vers minuit.
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