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Citations sur Mourir en été (10)

…..à sept dans cette maison minuscule dans laquelle ma mère a grandi, à sept sur le plus petit espace, ils vivaient en autarcie, parfaitement bio, sans poisons dans le jardin, sans poisons pour les animaux, sans électricité dans la maison, sans voiture, sans voyages en avion, sans portable, sans consommation, on achetait des objets pour la vie, on faisait attention à eux, on ne les remplaçait pas. Ils vivaient à sept dans cette pièce, ils partageaient les lits, les armoires et la table, mais ma mère le dit aujourd’hui encore : Personne n’était plus riche que nous.
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Après tout, nous remplissons notre vie, nous la composons, nous l’emballons à ras bord, nous nous installons dans ce monde au prix de la plus grande dépense, nous nous charpentons une vie humaine en puisant dans toutes sortes de strates et avec des accessoires considérables – puis, un jour, nous devons la céder, ça doit prendre fin, et nous sommes censés accepter ça simplement ? Si nous voyons les choses comme cela, y a-t-il rien de plus bête, de plus absurde que la mort ?
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Incurable…..Nous devions commencer par trouver son sens ou son non-sens derrière les lettres, sa signification véritable, ce qu’il y avait en lui de rusé et d’inéluctable – qu’il signifie : incurable, qu’il signifie : sans perspective, qu’il signifie : sans avenir, qu’il signifie : sans lendemain, qu’il signifie : ça ne s’améliore pas, ça n’ira plus jamais bien. La doctoresse l’avait posé sur la table à notre intention, non, elle l’avait jeté avec énergie, sans fil d’émotion, sans même un fil ténu, à peine perceptible, de compassion, elle l’avait jeté devant nous, pour nous. Et elle nous avait ensuite consacré environ six minutes. Peut-être seulement cinq. Après deux semaines d’investigations coûteuses et d’angoisses montantes qui s’étaient transformées en certitude, elle n’avait eu pour nous que ces quelques minutes. Elle n’avait pas dit grand-chose, juste une phrase brève, quoique grammaticalement correcte, à propos de la tumeur, avec sujet, verbe et adverbe déterminant, pas plus de quatre mots : « Elle est comme ça. » Puis son téléphone avait sonné, elle avait fini sa pomme et nous avait lancé un regard qui voulait dire : qu’est-ce qu’il y a, encore ?
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Autrefois, en Hongrie, les aiguilles des horloges s’arrêtaient lorsque quelque chose de décisif s’était produit. Quand la mort emportait quelqu’un, la foudre tombait à proximité, le vent ouvrait la porte, gonflait les rideaux et refermait violemment la fenêtre, le battant de la pendule s’immobilisait d’un seul coup, son tic-tac s’arrêtait –et chacun savait que quelque chose s’était produit, que quelqu’un était blessé ou accidenté, que l’un de nous était parti. L’histoire de ma famille est pleine de ce genre d’images, toutes les histoires familiales sont peintes comme cela, une note de couleur faite de malheur et d’inéluctabilité se dépose sur cette trame et imbibe ce tissu de superstition et de goût du surnaturel. Les récits de ma grand-mère étaient remplis de ces présages et de ces annonces, de ces nouvelles de l’inquiétant. Ils nouaient des liens entre les générations, associaient les mondes visible et invisible et nous disaient : faites-y attention, reconnaissez-les et comprenez-les. Ne les repoussez pas, ne les négligez pas, ne les laissez pas résonner en vain.
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Comment un corps peut-il être détruit aussi vite ? m’a souvent demandé mon père au cours des derniers mois, comme s’il en restait ahuri, comme s’il ne pouvait pas croire que son corps, le sien justement, lui faisait cela, ce corps qu’il n’avait jamais maltraité, envers lequel il ne se montrait jamais négligent ou indifférent, pas d’excès, pas de drogues, peu d’alcool, mais du sport, du mouvement, de l’air frais, ce corps envers lequel il avait toujours fait preuve de bonté. Chaque fois que nous discutions, ou presque, il me posait cette question : comment mon corps peut-il se dégrader aussi vite ? Non, il n’y a pas de bonne fin. Oui, toute fin est cruelle. Ma cousine ressent la même chose avec sa mère démente.
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J'ai toujours pensé que les gens mouraient entre novembre et janvier, une fois que le soleil a pris congé, que les températures tombent et que l'obscurité s'installe. L'hiver, c'est la mort, pas l'été. L'été c'est la vie. Mais ce qui est fou, c'est que les gens meurent même par des journées brûlantes, claires, innocentes, impeccables. La mort est capricieuse, on doit compter avec elle à tout moment.
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Il est une image que je pourrai certainement toujours voir, un mouvement que j'associe à mon père et à lui seul : sa manière d'entrer dans le lac. Quand la lumière de l'après-midi commence à décliner, sa manière d'ôter ses sandales de bain, de préparer sa serviette-éponge sur la rive, d'envoyer son regard au-dessus du Balaton, de le palper des yeux comme s'il cherchait la meilleure voie pour ses mouvements. Faire les premiers pas dans l'eau, se passer les mains humides à travers la barbe et plonger, nager quelques poussées sous l'eau, remonter pour prendre de l'air, s'arrêter un bref instant, regarder encore une fois la surface du lac et appréhender sa grandeur. Puis nager loin au large et disparaître dans le bleu. (page 302)
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Parce que cette histoire ne peut être racontée que comme cela, avec la même succession, le même déroulement, nous ne pouvons pas intervertir les chapitres, nous ne pouvons pas les écrire autrement, les lire dans l'ordre de notre choix, cette action, cette trame, la chronologie et la fin sont données à l'avance. Et pourtant, quand cette histoire nous choisit, quand elle nous trouve, quand elle fait de nous ses protagonistes, nous ne sommes pas préparés, nous ne savons rien et nous ne pouvons recourir à rien. Ca ne compte pas que d'autres aient vécu ça avant nous et que nous y ayons participé. Ce qui compte, c'est que nous le vivions. Nous seuls le vivons ainsi, nous seuls le vivons à notre manière.
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Ca n'a rien de particulier et ça arrive à tous. Nous venons au monde, nous mourons, nous perdons quelqu'un emporté par la mort, et un jour quelqu'un nous perd emporté par la mort. Pourquoi est-ce que j'en fait quelque chose d'exceptionnel? Comme si ça n'arrivait qu'à moi?
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Nous regardons le jardin, l'alignement de fruitiers et d'herbes, comme si nous essayions de graver dans notre esprit la moindre fibre de verdure. Pour nous, quelque chose s'achève au cours de ces journées d'été, la maladie creuse une coupure en travers de notre existence, la mort déjà découpe notre vie, il faut que nous lâchions quelque chose, dans ce monde qui continue à tourner nous devons abandonner et donner quelque chose.
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