Nous somme en Hongrie dans les années 50. Un jour, Katalin quitte sa famille pour partir clandestinement à l'Ouest. Ses enfants ne comprennent pas, devant les réactions du village où il habite, Kálmán, le père vend la maison, une étrange errance débute pour les enfants, qui voguent de lieu en lieu, de famille en famille. Ils s'attachent à chaque fois, et le départ arrive immanquablement. Ils finissent par échouer tous les trois chez Anna, leur grand-mère paternel, mais ils repartiront aussi de ce lieu des origines.
Tout le prix de ce livre est dans les descriptions, dans les ambiances, aussi dans la manière dont
Zsuzsa Bánk dépeint ses personnages, donne vie à leurs angoisses, à leurs forces et faiblesses, toujours sans juger, sans idéaliser, mais avec une indéniable tendresse en fin de compte. C'est très factuel, mettant à distance, sans pathos, ne jouant pas la corde sensible, ce qui peut éloigner certains lecteurs. C'est un peu un univers désespérant, le quotidien est difficile et les horizons sont limités : la vie de Katalin en Autriche semble presque plus dure que celle qu'elle menait en Hongrie. Mais les gens partent quand même, certains n'ont d'une certaine manière pas le choix, une nécessité interne les pousse à tenter quand même. le livre n'est pas à proprement parlé politique, peu d'allusions sont faites aux événements, mais un fond de tristesse et d'absence de perspectives est là, en fond de tableau. Et il y a malgré tout aussi une partie habitée par les jeux et l'insouciance de l'enfance.
J'ai un peu calé au milieu du roman, trouvant que la trame romanesque à proprement parlé était quelque peu lâche, les déambulations, descriptions de lieux et personnes ont fini par me sembler un peu de l'empilement, sans lien véritable. Mais la fin du livre permet un peu mieux d'appréhender le parcours de Kálmán, jusque là personnage assez énigmatique, n'explicitant rien, et surtout pas la signification des errances qu'il impose à ses enfants. Cela donne davantage de sens à l'ensemble, et finit par permettre une émotion plus intense, moins retenue que jusque là. Et m'a laissé sur une forte impression pour terminer ma lecture.