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Critique de stoner


stoner
05 septembre 2023
J'adore ce titre. Il me fascinait au point d'ouvrir le livre avant même d'en connaître le sujet. "Lointain souvenir de la peau" m'évoque d'emblée la rupture sociale, la solitude radicale et la souffrance de ne plus pouvoir étreindre ni être étreint. Et c'est bien de cela dont Russel Banks nous parle à travers son personnage du Kid.

Depuis que le kid a été condamné et enregistré sur la liste des délinquants sexuels de Floride, une simple recherche sur internet permet à chacun de connaître son adresse et ses condamnations. Un bracelet électronique fixé à sa cheville permet à son assistant de probation de le localiser en permanence. Des mesures sécuritaires qui équivalent pour beaucoup de délinquants à la mort civile. Exclusion du marché locatif par des propriétaires soucieux de minimiser les risques, interdiction de se trouver à moins de huit cents mètres d'un lieu fréquenté par des enfants (alors qu'il y en a tous les cinq cents mètres !), c'est en dessous d'un viaduc et dans des abris de fortune que sont contraints d'essayer de survivre le Kid et ses semblables.

Le Kid a 21 ans, il sait qu'il a commis une erreur et aussi qu'il n'est pas pédophile, ce qui dans sa situation finalement n'a plus beaucoup d'importance. L'arrivîée au campement d'un mystérieux chercheur universitaire désireux de connaître ses conditions de vie et de comprendre son parcours va l'amener à regarder dans le rétroviseur et à se livrer.

Russel Banks distille au compte-goutte les infos sur son enfance, son parcours, et les faits pour lesquels il a été condamné, pour finalement nous amener à réfléchir sur les dérives sécuritaires du "surveiller et punir". La sanction garantit-elle un changement de comportement ? Contribue-t'elle au final  à plus de sécurité pour la société ? Faut-il abandonner tout espoir de réinsertion pour certaines catégories de délinquant ? Est-il justifié et acceptable de les bannir et de les parquer dans des zones d'exclusion et de non-droit ?

Russel Banks est à mes yeux un des plus grands auteurs nord-américains. "Affliction" et "De beaux lendemains" sont deux pépites. Si "Lointain souvenir de la peau" n'est pas aussi abouti, il n'en demeure pas moins un bouquin bien construit dont l'épaisseur et la richesse du personnage principal servent une réflexion plus que jamais d'actualité sur l'enfance maltraitée (des victimes mais aussi souvent des abuseurs) et sur la réaction sociale à des faits qualifiés d'infractions.

On regrettera juste des phrases parfois très longues dont la (difficile) traduction en Français alourdit le texte et plombe parfois le rythme.
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