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Critique de Tandarica


Pour le « buzz » que Laure Hinckel, pourtant chef de file des traducteurs littéraires du roumain, appelle de ses voeux, je crois que c'est raté. En effet malgré le « concours de l'Institut culturel roumain » et même du « Centre national du livre » qu'elle remercie expressément pour « l'octroi des crédits de traduction qui ont consacré l'ampleur de ce travail », les 550 pages semblent ne pas trouver leur public. Dès le titre, dont la traduction littérale est bien « La Fosse », l'odeur sulfureuse semble l'emporter sur celle des lauriers. Je voudrais citer l'avertissement au lecteur signé « l'éditeur et la traductrice » : « Eugen Barbu (1924–1993) fut un écrivain et un homme public très controversé en Roumanie. Il a mis son prestige d'auteur littéraire réputé au service du régime totalitaire de Nicolae Ceauşescu. Au cours des années 1980, au paroxysme de la dictature, il fut l'un des membres de la Grande Assemblée nationale et considéré comme le relais de la Securitate, la police politique, auprès des écrivains. Il fut exclu de l'Union des écrivains juste après la chute du communisme. À partir de 1990, Eugen Barbu s'est compromis davantage encore en devenant le cofondateur d'une publication, “România Mare”, d'abord vouée à la haine des minorités avant de se recentrer sur un populisme agressif. Eugen Barbu a la verve et la couleur d'un Céline. Il a vécu, comme l'écrivain français, des temps d'erreur profonde. Publié en 1957, “Le Grand Dépotoir” est un roman exempt par miracle des clichés du réalisme socialiste. Si sévère que soit le jugement porté aujourd'hui sur l'auteur, ce livre demeure l'une des grandes oeuvres de la littérature roumaine du XXe siècle. » Bien qu'effectivement d'aucuns considèrent en Roumanie qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre, cet avertissement passe sous silence la paternité controversée de ce livre ainsi que le fait qu'il s'agit bien d'une retraduction. En 1966, soit moins d'une dizaine d'années après sa sortie « Groapa » fut traduit du roumain par Léon Negruzzi (à la célèbre ascendance) et Mauriciu Floresco aux éditions Buchet-Chastel à Paris. La traductrice n'aurait-elle pas dû leur adresser également des remerciements et se dire honorée de les remettre « au goût du jour » ? Rééditer voire retraduire même pour « actualiser » pourquoi pas. Mais est-ce vraiment nécessaire pour cela d'investir des fonds publics dans de la « controverse » ? Sceptique cette fosse peut le devenir ! Heureusement que les dépotoirs grands ou petits, traduits ou retraduits du roumain semblent laisser indifférent.
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