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Citations sur L'anthropologie n'est pas un sport dangereux (34)

Sortir un camion de la boue est un sujet sur lequel chacun à sa théorie…
Alors que tout espoir semblait perdu, un homme passa sans se presser avec un énorme buffle conduit par un garçon minuscule… Il nous sortit de la boue avec une facilité méprisante …
- Je croyais que les Torojas ne faisaient jamais travailler les buffles, dis-je à Johannis
- Celui-là, déclara-t-il, est un buffle esclave. Regarde sa couleur
Les anthropologues sont nourris de livres sur les Nuers, peuple du Soudan obsédés par le bétail et à développé un vocabulaire complexe de couleurs et de motifs pour décrire les bêtes. Je venais de prendre ma première leçon sur une monomanie similaire des Torajas, une série illimitée de termes indiquant la taille, la couleur et les taches des buffles, les formes de leurs cornes.
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Les funérailles torajas sont des manifestations joyeuses par nature, du moins à leur dernier stade, quand le chagrin est oublié. Le corps peut très bien avoir été conservé pendant plusieurs années, tandis qu'on mobilise les ressources et qu'on convoque les gens partis à l'étranger. L'émigration est depuis longtemps la réponse à la dureté de la vie dans les montagnes. Mais les Torajas reviennent toujours au pays, en particulier pour les fêtes de ce genre.

(p.141)
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Le réveil, le matin, est toujours un moment où la tolérance est soumise à rude épreuve. Nous sommes tous xénophobes à cette heure-là. C'est alors que les préjugés prennent toute leur force et que les sensibilités s'exacerbent. La vision de gens en train d'engloutir de grandes quantités d'ail et de riz en guise de petit déjeuner est toujours difficile à supporter. La générosité joyeuse avec laquelle ils offrent de les partager avec le voyageur étranger serait attachante en toute autre circonstance. A cette heure-là, elle vous rend ronchon et désagréable.

(p.100)
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- D'où est ce que je venais?
Les Anglaises sont frigides alors qu'elles couchant avec tout le monde ?
Ah, je crois que je vois un requin. Ah non! Quel dommage, pas de spectacle pour l'instant, avec tous ces gosses dans l'eau !
Les noix de coco terminées, je jugeai opportun de lui donner cent roupies pour les avoir ouvertes. Son corps tout entier se transforma en une machine à exprimer la joie. C'est agréable de pouvoir procurer autant de bonheur à quelqu'un pour... 7 pence!
Un anthropologue éprouve un grand plaisir à faire naître un sourire sur le visage d'autrui et c'est une joie d'autant plus grande qu'on peut se l'offrir à très bas prix... Et que l'argent vous a été fourni par quelqu'un d'autre!
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La route devint soudain beaucoup plus mauvaise -ou, plus exactement, le chauffeur paraissait désormais viser les nids-de-poule au lieu de les éviter. [...] Johannis [...] serrait ses provisions pour les protéger.
"Comment vont les œufs?" fis-je poliment.
Tout le monde hurla de rire. J'avais involontairement dit ma première blague cochonne. On m'expliqua qu'il fallait s'enquérir des œufs de poule, sinon on comprenait que je demandais des nouvelles des organes génitaux des passagers mâles.

(p.163)
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Nous avons atteint un autre hameau, sur un sommet. Jusqu'à présent, j'avais été frappé par la propreté et l'ordre qui régnaient dans les villages torajas. Leurs habitants plantaient même des fleurs et partageaient le plus anglais des concepts: la pelouse. Mais celui-ci était différent. C'était un vrai gâchis. Je n'avais vu nulle part des cochons autorisés à errer librement et à fourrager où bon leur semblait. Ils avaient transformé en bourbiers les espaces entre les maisons. Tous les gens, ici, paraissaient louches et peu commodes. Des enfants couraient partout en vagissant et en portant à leur bouche des poignées de saletés glutineuses. Tous avaient des filets de morve sous le nez. On aurait dit que quelqu'un s'était évertué ici à rassembler les preuves infirmant l'idée que l'Homme avait été créé à l'image de Dieu.

(p.189-190)
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Johannis m'indiqua un bloc rocheux qui s'élevait verticalement depuis le fond de la vallée.
"C'est le fort de Pong Tiku", expliqua-t-il.
Il s'agissait, je le savais, du chef toraja qui s'était opposé aux Hollandais lors de leur invasion de la région, en 1906. Il avait été vaincu après un long siège.
"Que lui est-il arrivé?
- Les Hollandais l'ont emmené à Rantepao et ils l'ont fusillé. (Une expression de fureur passa sur son visage.) Aujourd'hui, c'est un héros, mais les gens de Baruppu' l'ont combattu. Il a brûlé le village et tout le monde s'est enfui à Makki pour chercher de la magie. Nous allions revenir pour le détruire, et puis les Hollandais sont arrivés. C'est pourquoi il n'y a pas de vieilles maisons ici."

(p.189)
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Ma déception a dû être évidente. Les Occidentaux ont une tendance inhérente à se servir du reste du monde pour réfléchir à leurs propres problèmes. Andareus n'était pas un "bon sauvage" stigmatisant les défauts de notre civilisation. Il était plutôt plus moderne que moi: il parlait couramment le jargon de l'informatique et de l'électronique. Ses valeurs étaient probablement très proches des miennes, et son attachement au monde traditionnel aussi extérieur que le mien. Il le considérait depuis le confort d'un bungalow moderne et climatisé de Kalimantan, juste par romantisme peu-être. Son implacable lucidité sur lui-même me retournait le couteau dans la plaie.
"Vous voyez. Ce n'est qu'en partant à l'étranger que j'ai appris à apprécier nos anciennes coutumes.

(p.183-184)
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Un flot de gens, presque tous habillés en noir, la couleur de la mort, sortait des maisons. Ici aussi, les fêtes torajas étaient divisées entre celles de l'ouest, dites de la "fumée descendante" -les fêtes de la mort-, et celles de l'est, de la "fumée montante" -les fêtes de la vie. Le rituel toraja semble totalement déséquilibré, car il insiste beaucoup plus sur la mort que sur la vie. Cela, cependant, peut très bien venir de l'influence des missionnaires qui ont supprimé les rites de la fertilité relativement licencieux, ne laissant que ceux de la mort, désormais aussi incongrus qu'une baleine échouée sur une plage.

(p.175)
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Un anthropologue est probablement le pire des invités imaginables. Je n'en voudrais pas chez moi. Il arrive sans en avoir été prié, il s'installe sans y être convié et il harcèle ses hôtes de questions stupides jusqu'à les rendre fous. Au départ, il n'aura qu'une vague idée de ce qu'il cherche. Comment, après tout, saisir l'essence d'un mode de vie étranger? Les anthropologues ne sont même pas d'accord entre eux sur le genre de proie qu'ils poursuivent. La découvre-t-on dans la tête des gens, dans les faits concrets de la réalité extérieure, dans les deux, ou dans ni l'un ni l'autre? Certains considèrent aussi que la majeure partie des "connaissances" anthropologiques est une fiction fabriquée quelque part entre l'observateur et l'observé, et qu'elle dépend de rapports de pouvoir inégaux entre eux. La réponse presque inévitable, c'est de foncer, en attendant d'analyser plus tard ce qu'on a fait.

(p.174)
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