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Critique de Bookycooky


Un livre où l'humiliation d'un génie musicale par un système totalitaire qui règle tout par la terreur, est portée à l'extrême. de quoi vous sentir humilié, frustré et impuissant en tant que lectrice ou lecteur.

Dmitri Chostakovitch, un des plus grands compositeurs russes du XX éme siècle, avec son opéra "Lady Machbeth de Mtsensk" aux succès retentissants de NewYork à Cleveland, de Suède à l'Argentine, de Moscou à Leningrad, se voit tomber en disgrâce suite à une représentation à Moscou auquel assiste Staline. " le petit père des peuples " et ses fayots du Politburo quittent la salle avant la fin du spectacle, et un article dans la Pravda, quelque jours plus tard porte le coup de grâce au jeune Chostakovitch.... Voici le prélude à une vie apolitique, où l'intimidation a débuté bien avant.
Marié, père d'une petite fille,afin d'épargner à sa famille la vue d'une arrestation, pendant une dizaine de jours, il attend chaque nuit, dans la cage d'escalier, sa valise prête, qu'on vient le chercher et l'arrêter.......et dans son esprit agité, qui lutte contre ses démons, il voit défiler sa vie .

Il sera épargné......par chance ? On n'en sait rien, car même les lèches bottes comme le poète Boris Kornilov, furent arrêtés et fusillés. En tout cas il se pliera à "leurs" exigences, se laissera dicter "le bon chemin" en composant des musiques de film selon leurs directives pour être le "Chostakovitch optimiste" de leur désir.
A-t-il était un lâche ? Et la question plus difficile, qu'aurait-on fait à sa place ?
Dans un système totalitaire le rôle de l'artiste, de l'écrivain est l'un des plus difficiles.
Cet homme qui vénérait Stravinski en temps que compositeur, le même Stravinski qu'il attaqua malgré lui à sa plus grande honte, en lisant un texte de propagande à NewYork imposé par le parti, n'a pas été, à vrai dire, des plus courageux. Mais je ne suis pas d'avis qu'il peut être considéré comme un lâche, et Julian Barnes en est du même. D'ailleurs l'écrivain s'acharne sur le propos jusqu'à la fin .
Facile de juger quand on se trouve pas soi-même dans un pareille pétrin absurde et révoltant. Lutter dans son cas n'aurait amené pas plus que sa mort et la misère de sa famille, et nous aurait privé du reste de son oeuvre. Il était plus indispensable à la musique classique vivant que mort. le reste concerne son éthique personnelle qu'il payera d'ailleurs très chère de son âme et de sa conscience, bien que, comme il le dit lui-même, le manque d'honnêteté personnel ne contamine pas nécessairement l'honnêteté artistique. La fin sublime le confirme !


L'histoire est intéressante, mais elle est ce qu'elle est, on peut le lire aussi sur Wiki. C'est la structure en trois mouvements et l'indiscutable élégance de la prose (v.o.) de Julian Barnes, qui en font un magnifique roman glaçant.
On le lit comme une histoire au passé, mais malheureusement la même histoire se répète en ce moment même aux portes de l'Europe, au vu et au su de tout le monde.....et certains paragraphes entiers dans le texte sont terriblement d'actualité......comme quoi rien ne change.....que dire, la chose la plus humiliante au monde est l'impuissance face à des tyrans qui n'ont aucune conscience, aucune humanité.



Genius and evil
Are two things incompatible.
You agree?
(Pouchkine)
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