je t'aime de neige silencieuse
et de mer qui éclate sur la plage
et repart empressée sans un adieu
clandestin et avec mon sang
palpitant qui fait des pauses
comme la plaine regarde les étoiles
et les fleuves désirent la mer
je t'aime de soleil dans la tempête
enragée qui déracine la forêt
et de genêts de roses de glycines
quand la poussière emporte
les chemins et la terre
reste en attente
aujourd'hui une luciole
s'envole des tilleuls
pour parcourir le jardin
du soir qui se réveille
sous l'étincelle aiguë
de son murmure vacillant
elle s'envole du livre
qui te lit dans mes yeux
des lianes de l'attente
enlacées à ton silence
et subitement m'entraîne
à respirer les ombres
profondes de l'été
(extrait de "Lectures du vent") - p. 289
chaque soir
j'arrose un jardin
où germe la soif
de l'ombre
chaque matin
je respire la nuit
désaltérée
(extrait de "Le mur transparent", 1986) p. 197
PLAINE BLANCHE (1980)
le galop de l’orage
emporte le soleil
une fêlure
divise la fenêtre
enraye la pluie
tient la vitre
PLAINE BLANCHE (1980)
un fleuve
m’emporte chaque jour
plus au fond
et chaque geste
avant de disparaître
le renforce
PLAINE BLANCHE (1980)
à chaque pas du ciel
le soleil s’éloigne
des champs de blé
le vent se fonce
mais le jour
dans l’espace limpide
s’efface de sa fin
PLAINE BLANCHE (1980)
quelquefois
à la fin du jour
le silence se pose
et illumine le lever
de la nuit
ESPACE DE LA MER (1981)
la voix se lève
des notes
sans mémoire
ni mots
s’entend le duel
d’une épée
et l’air
ESPACE DE LA MER (1981)
le jour dehors
passe
s’enfonce dedans
partout la mer
de la nuit
inerte reste
ESPACE DE LA MER (1981)
garder le silence
couvrir l’éclair
que l’espace cède
au filet invisible
qui le porte
pas un pas
que rien ne parte
de l’ombre
de ce noir