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Critique de Eve-Yeshe


L'histoire démarre sur un beau paysage, lumineux et plein de douceur : Estoril, le 3 août 1968, Salazar lit son journal face à la mer. On lui annonce l'arrivée de la pédicure, il s'assoit en continuant à lire et la chaise casse, il tombe… AVC ? quoi qu'il en soit, il est obligé d'abandonner le pouvoir.

Tout le monde en parle, et cela s'agite au siège de la tristement célèbre P.I.D.E. (Policia Internacional & Defesa do Estado) alias police d'état…

Le docteur Fernando Pais est en train de s'y rendre, comme tous les matins, pour soigner l'inspecteur ; lorsqu'il arrive sur les lieux des gamins sont en train de mettre le feu à une crotte de chien plié dans un journal et le plus téméraire sonne… le doutor lui sauve la mise, temporairement. Dans le bureau, on plaisante sur l'accident de chaise du dictateur, alors que d'autres interrogent de manière musclée, comme il se doit, un jeune homme.

Le docteur retourne à son cabinet et une de ses maîtresses lui faisant faux bond décide d'aller « prendre une cuite » avec son ami, dans l'Alfama. Et tous les deux vont parler du passé, de l'époque où ils étaient étudiants, de Marisa, communiste qui deviendra l'épouse du docteur, alors que lui vient d'une famille ayant pignon sur rue donc penchant plus de côté de la droite. Il n'est pas très bien accueilli par les amis de Marisa…

Il sera rappelé pour examiner un détenu, en fait on lui demande de le remettre sur pied pour que les policiers puissent continuer à le torturer… Il subit des pressions mais sa rencontre avec Joao, et surtout la famille de celui-ci lui fait prendre conscience peu à peu de sa passivité.

La guerre d'Angola se dessine, en toile de fond comme le fado.

J'ai aimé l'histoire du docteur Fernando Pais, l'ambiance de Lisbonne, cette ville magnifique, que l'on parcourt dans cette BD et l'architecture est très bien représentée sur les planches. le tramway est un des personnages, certains quartiers tel l'Alfama avec ses ruelles en pente qui descendent vers l'estuaire du Tage… Les couleurs sont belles et elles varient en fonction de évènements, des moments joyeux ou sinistres…

On croise Horacio Lobo Antunes qui deviendra plus tard un écrivain et psychiatre connu, qui n'est autre ici que l'ami de Pais auquel il confie un manuscrit « L'enfant et la baleine » pour qu'il lui donne son avis. Antunes va être censuré par la dictature, tant pour ses écrits que pour son homosexualité. Entre parenthèses, on attend toujours le prix Nobel…

On rencontre aussi un homme, dans le train, qui s'appelle… Perreira comme le journaliste spécialisé dans les nécrologies, du beau roman d'Antonio Tabucchi, « Perreira prétend » qui parcourt la ville en avalant des tonnes de citronnade.

Nicolas Barral évoque aussi la torture, et fait un clin d'oeil à Fernando Pessoa : un des prisonniers finit par donner des noms, qui sont en fait les pseudonymes du l'écrivain. On sent l'amour que l'auteur porte à Lisbonne et au Portugal qui est le pays de sa femme.

J'aime bien le portugais, ses sonorités, et Nicolas Barral l'utilise avec des expressions, ou les titres des chapitres par exemple.

On a de très belles images dans les tons gris bleu de la baleine dans le port puis au-dessus de Lisbonne, sous la forme d'un rêve de Fernando Pais qui s'est endormi sur le manuscrit…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m'ont permis de découvrir ce roman graphique et son auteur. Mais, je tiens à préciser que la version numérique ne convenant pas j'ai préféré l'acheter, pour profiter des couleurs, pour revenir en arrière… Lire une BD sur un ordinateur enlève beaucoup de plaisir et en plus c'est très inconfortable…

#Surunairdefado #NetGalleyFrance
coup de coeur donc

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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