Un discourt, aussi fin soit-il, n’aura jamais la délicatesse d’une caresse, ni la profondeur d’un regard.
De nature timide, il m'a fallu apprendre les mots de Bartabas pour me cacher derrière et assumer mon rôle.
Mais les mots, les vrais, ceux qui s'écrivent, doivent avoir de la noblesse, et sur les lèvres par leur sonorité honorer l'animal.
On dit que seuls les enfants et les animaux jouent ; les autres, ceux qui font semblant, on les appelle des comédiens.
Le silence, ça n’existe pas dans une écurie ; si l’on a la patience, si l’on sait disparaître, alors elle vous révèle sa partition et l’on peut entendre respirer l’âme des chevaux.
Toujours à l’écoute, il assoit son galop, en cadence je l’accueille au creux de mes reins, j’instruis mes vertèbres. Nous sommes faits l’un pour l’autre.
Je me souviens qu’à l’hôpital, après les premiers réconforts, très vite les visites de convenance m’étaient apparues incongrues. Je supportais mal l’impudeur d’avoir à se dire, à se plaindre ou à faire mine de s’intéresser dans ce contexte obligé. J’en ai gardé un penchant pour la solitude, j’aime me draper dans ce linceul qui me protège.
Vinaigre, tu m'as appris à fermer les yeux et à devenir l'instrument de ton désir. Chaque soir j'ai joui de ton onde, perché sur un nuage ondulant entre mes cuisses. Grâce à toi, j'ai goûté à la plénitude du centaure.
Il avait l’enthousiasme communicatif de ceux qui ont côtoyé la mort et sont reconnaissants à la vie.
J'ai vu parfois, dans le regard du cheval, la beauté inhumaine du monde avant le passage des hommes.
Avec les hommes, j'ai toujours l'impression d'apparaître déguisé. Seuls les chevaux me voient tel que je suis.