AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de enjie77


« Celui qui fut le gardien du nom, la mémoire vivante de ce théâtre équestre, ne revit jamais Aubervilliers. du New Jersey ne revint que ce bocal de faïence noire. Il est là, sur mon bureau, devant le dessin à l'encre de Chine d'Ernest Pignon-Ernest, le montant assis, antérieurs tendus, l'encolure en arc-en-ciel, l'air pensif. le couvercle est entouré d'une tresse de ses crins. Il contient des petits éclats d'os et des cendres….. Elles attendent patiemment de rejoindre les miennes. »

Il s'appelait Zingaro et il fut celui qui inspira ce théâtre équestre !

Quel bonheur que cette lecture ! Complètement assommée par un rhume et de la fièvre, il me fallait trouver un récit facile, fluide, qui ne demandait aucun effort intellectuel ! Dans la famille, la condition animale nous tient à coeur, nous ne pouvons nous passer de nos amis à quatre pattes, chien ou chat. Je ne pratique pas l'équitation, j'aime la beauté du cheval qu'il soit pure sang ou de trait. Je suis entourée de passionnés d'équitation, de ma fille à ma nièce en passant par ma belle-fille, ma petite fille, le cheval tient une grande place dans notre milieu familial. Si moi je pleure d'émotions devant le Lac des Cygnes ou Carmen, ma fille et ma mère se disputent un mouchoir devant les prestations du Cadre de Saumur.

Alors qu'elle ne fut pas mon coup de foudre devant l'écriture poétique de Clément Marty, nom de scène Bartabas. Cet homme qui fuit ses semblables pour se réfugier auprès de ses chevaux où il se sent à sa place, s'exprime, selon moi, beaucoup plus facilement à l'écrit qu'à l'oral. C'est un amoureux des mots qui nous offre une magnifique découverte de ses rencontres passionnées et passionnantes avec ses partenaires équins. C'est tellement beau ce qu'il évoque, sa manière de décrire ses chevaux, ses rencontres, ses coups de coeur. Il écrit avec son coeur et c'est contagieux. Il raconte ses compagnons chacun avec son tempérament, ses blessures, son histoire, son nom. Ce sont souvent des chevaux sauvés des mains d'un maquignon peu sympathique, d'un abattoir. J'ai démarré la lecture les larmes aux yeux et je l'ai terminé de la même façon tant l'écriture de cet homme m'a touchée. J'étais sans filtre devant ce sondeur d'âme, devant ce chant d'amour aux équidés, cet homme qui sait si bien disparaître pour laisser s'exprimer l'animal, lui donner toute sa place.

Il y a des moments émouvants, des moments plein de tendresse. Il sait nous dessiner ses chevaux avec poésie, faire partager sa vision de l'oeuvre d'art que deviendra le cheval dès qu'il sera en confiance avec l'homme et il tisse sous nos yeux l'oeuvre artistique. Il y a aussi une grande sensualité qui se dégage de ces descriptions, je sentais sous mes mains les muscles du cheval, la texture et l'odeur de sa robe. Je ressentais la relation charnelle entre l'homme et l'animal, cette fusion entre les deux animalités.

Ce fut vraiment un enchantement, c'est un très bel hommage que rend l'auteur à tous ses compagnons de route. Un véritable chant d'amour avec l'animal ! Bravo l'artiste ! Et merci Kawane pour son billet !

« Zingaro, mon sang, ma chair, ensemble nous nous sommes appris, nous éduquant l'un l'autre, jusqu'à inventer un langage seulement connu de nous. Ce fut long et laborieux parfois. Tant de maladresse d'abord, de tâtonnements, de vaines tentatives pour se chercher, se comprendre, acquérir tous les gestes qui me fondent aujourd'hui. Nous nous sommes construits petit à petit en marge du voyage, par tous les temps, par tous les lieux, jamais loin des arènes qu'elles soient de Nîmes ou de Madrid. A toute heure du jour et même de la nuit, nous nous sommes donnés sans nous préserver, comme un premier amour. »
Commenter  J’apprécie          8641



Ont apprécié cette critique (78)voir plus




{* *}