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Critique de CecileMK


Relecture de cet ouvrage de Roland Barthes, paru en 1980 et qui fait depuis partie des ouvrages très souvent cités pour qui s'intéresse à la théorie de la Photographie. Dans cet ouvrage, Roland Barthes se pose la question de l'essence de la Photographie. Pour cela, il va adopter une approche très peu académique : "Je résolus donc de prendre pour départ de ma recherche à peine quelques photos, celles dont j'étais sûr qu'elles existaient pour moi." En ce sens, on a affaire ici plus à l'auteur de "Fragments d'un discours amoureux" qu'au professeur de sémiologie du Collège de France. "Comme spectator [opposé à l'operator ], je ne m'intéressais à la Photographie que par "sentiment", je voulais l'approfondir, non comme une question, mais comme une blessure. Dans la première partie, en se basant sur quelques photos reproduites dans l'ouvrage, il s'attache à distinguer le studium, c'est à dire un champ d'intérêt culturel général du punctum, d'une photo, sorte de satori ; il rapproche ainsi la Photographie du Haïku. Mais c'est dans la deuxième partie, la plus intime, qu'il va trouver ce qui, selon lui, est l'ontologie de la Photographie : le "ça a été". Il arrive à cette découverte en rangeant des vieilles photos de sa mère, décédée et en tombant sur une photo d'elle fillette au Jardin d'hiver (photo non reproduite): "J'observais la petite fille et je retrouvai enfin ma mère". Il précise : "La photographie ne remémore pas le passé (rien de proustien dans une photo). L'effet qu'elle produit sur moi n'est pas de restituer ce qui est aboli (par le temps, par la distance), mais d'attester que ce je vois a bien été." Un peu plus loin, dans une photographie du jeune Lewis Payne, dans sa cellule, condamné à mort, prise par Alexander Gardner en 1865, il découvre ce nouveau punctum : "il va mourir". La photo est dans ce cas un futur antérieur, elle dit la mort au futur. Roland Barthes exprime à plusieurs reprises les liens de la Photographie avec la mort. Alors qu'il insiste sur le caractère de pure contingence de toute photographie, je ne peut m'empêcher de penser à sa mort à lui, fauché par une camionnette dans une rue de Paris.
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