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Critique de Renatan


« Tant que je pourrai sortir dans le jardin et contempler les étoiles, je ne serai jamais malheureux. »

Il m'arrive souvent de nourrir le rêve de partir m'isoler sur une terre sauvage, dans un recoin de monde où la nature nous invite perpétuellement à s'abandonner à vivre. Il n'y aurait que le silence des lieux comme seule boussole, pour guider le chemin des hasards. Chaque rencontre serait source d'émerveillement ; la voix d'un mélèze solitaire, la luminescence d'une aurore, le hurlement du loup à la nuit tombée et même l'odeur du bois. Des heures, droit devant, pour écrire mes pensées et les coucher sur le papier de ma vie qui défile. Un regard furtif posé sur les années passées, non pas pour les regretter, mais pour mieux définir celles à venir. Oui, tout cela me serait suffisant pour avoir le sentiment d'avoir accompli ma vie.

Il n'y aurait que le silence des lieux comme seule boussole et seule quête possible...

« La lumière n'est rien s'il n'y a pas l'obscurité, tout autour, pour la définir. »

Rick Bass et sa femme Elizabeth ont rendu ce rêve possible en allant se terrer dans un Ranch des montagnes de la Yaak Valley, une vallée sauvage du Montana à quelques kilomètres de la frontière canadienne. L'appel d'un retour aux sources, la volonté de vivre d'essentiel. Aucune âme humaine à des kilomètres, à mille milles de toutes les terres habitées. Quelques amis pour briser la solitude, aux moments venus. Un Magasin général et le Dirty Shame Saloon pour abreuver le silence. Une terre d'abondance pour les orignaux, les cerfs, les loups, les ours, les grizzlys et toutes espèces animales qui arrivent à survivre en ces lieux. Ils furent grisés par la beauté de leur nouveau refuge. Ce qu'ils auront perdu en confort, ils l'auront gagné en liberté...

« Si le bonheur ne coûtait rien, ça ne vaudrait pas la peine de le posséder. »

Les premières neiges pointeront leur nez d'ici quelques semaines. On ressent bien à travers les mots de Rick Bass le mélange d'appréhension et d'adaptation auquel ils devront faire face. Il coupera du bois presque jour et nuit en vue de se faire une réserve pour passer l'hiver. Mélange également de curiosité fébrile, cette neige est attendue avec impatience, on le sent aussi excité qu'un enfant à la vue du premier flocon de novembre, les yeux pétillants et l'envie d'aller se rouler dans toute cette blancheur. Mais parfois aussi, les vents glacials de l'Alaska leur fouetteront le visage. Ils provoqueront la sensation de lacération sur la peau distendue.

« Tant pis s'il fait froid. La beauté en vaut la peine. »

L'humidité s'infiltrera à travers chaque interstice. Sans électricité – une seule radio à ondes courtes - les nuits seront noires et tomberont à moins 40. La voiture sera munie de sièges chauffants et de pneus d'hiver. Les tuyaux risqueront de geler et gare à vous si vous croisez Bigfoot dans les montagnes, il est sacrément plus gros qu'un grizzly en période de rut. Mais il faut s'être collé au moins une fois dans sa vie à ces lieux aux limites de la nature extrême, pour pouvoir se dire, en contrepartie, qu'il n'y a pas plus bel endroit au monde que le spectacle offert par ces forêts à perte de vue, ces lacs et glaciers, ces aurores boréales et le chant des étoiles...

« Je découvre, ici, des vérités sur moi-même. »

L'auteur, fondateur de l'Association de sauvegarde des forêts de la vallée du Yaak et écologiste américain, est visiblement préoccupé par la survie des forêts et la négligence de l'homme face à son environnement. Plusieurs passages du livre mettent en lumière sa conscience écologiste, notamment les opérations minières, les coupes à blanc et la surcombustion du bois de chauffage, sans oublier les espèces disparues.

Oui, il m'arrive souvent de nourrir le rêve de partir m'isoler sur une terre sauvage, dans un recoin de monde où la nature nous invite perpétuellement à s'abandonner à vivre. Il y aurait des forêts à perte de vue, des lacs et des glaciers et le chant des aurores. le silence serait porteur de mille mots tendres. Puis, chemin faisant, j'irais danser sous les étoiles...

« Les bois peuvent être un peu étranges. Il faut longtemps pour avoir enfin l'impression d'être un homme des bois, mais ensuite, jamais plus on ne peut redevenir un homme des villes. » - Jim Harrison

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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