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Critique de Alcapone


Dans ce court essai, Georges Bataille s'intéresse à l'automutilation de van Gogh. Faisant le rapprochement avec le cas de Gaston F. qui s'est arraché un doigt avec les dents (cf. le 2nd texte du livre), l'auteur considère l'acte du peintre relevant du rite sacrificiel. Évoquant la propitiation, les orgies sanglantes de certaines sectes religieuses, la circoncision et l'ablation du doigt dans certains pays du monde, Bataille explique que l'automutilation serait pour le sacrifiant une immense liberté dont peu de gens ont joui comme van Gogh l'a fait : " Toutefois, il est permis de douter que même les plus furieux de ceux qui se sont jamais déchirés ou mutilés au milieu des cris et de coups de tambour aient abusé de cette merveilleuse liberté autant que l'a fait Van Gogh : allant porter l'oreille qu'il venait de trancher précisément dans le lieu qui répugne à la société. Il est admirable qu'il ait ainsi témoigné d'un amour qui ne tenait compte de rien et en quelques sorte cracher à la figure de tous ceux qui gardent de la vie qu'ils ont reçue l'idée élevée, officielle, que l'on connaît." (p.31).

Ce texte est une nouvelle preuve de la fascination que Van Gogh a exercé sur les esprits. Nombreux sont d'ailleurs les hommages qui ont été portés au peintre à titre posthume. le mystère qui se dégage de sa personnalité fascine. On l'a dit fou. On l'a interné. Antonin Artaud a accusé la société de l'avoir tué (cf. Van Gogh ou le suicidé de la société). Mais pourquoi s'est-il coupé l'oreille ? Est-ce que cet acte, pour nous le signe d'un être dérangé, torturé, était-il vraiment insensé ? Pour Bataille il s'agissait d'un acte prémédité qui " représenterait l'intention de ressembler parfaitement à un terme idéal caractérisé assez généralement, dans la mythologie comme dieu solaire, par le déchirement et l'arrachement de ses propres parties." (p.16). Si les mystères qui auréolent cette mutilation restent entiers, Bataille est persuadé que la mutilation de van Gogh est volontaire et qu'elle est la manifestation d'un esprit aliéné et cynique : "Cependant l'oreille monstrueuse envoyée dans son enveloppe sort brusquement du cercle magique à l'intérieur duquel avortaient stupidement les rites de libération. Elle en sort avec la langue d'Anaxarque d'Abère tranchée avec les dents et crachée sanglante à la figure du tyran Nicocréon, avec la langue de Zénon d'Élée crachée à celle de Demylos... l'un et l'autre de ces philosophes ayant été soumis à d'effroyables supplices, le premier pilé dans un mortier."(p.31-32). Cette courte analyse est intéressante mais pas incontournable. Lisez-la si vous en avez l'occasion. Par contre, je trouve son prix un peu excessif.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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