p.74 « Elle avait dans la main une femme nue de cire souple; le bas de la poupée était entouré d'un papier; avec attention elle imprimait au buste un mouvement si subtil : on ne pouvait rien voir de plus indécent. »
Un petit livre frappé comme il le faut et tout à fait attachant. le récit des errances sentimentales et sexuelles, vécues à travers ce qui pourrait ressembler à un rêve léger et vaporeux, de Troppmann avec trois femmes : Dorothea, Lazare et Xénie, dans le contexte de la guerre d'Espagne.
Les relations de perversités de chacune de ces trois femmes avec Troppmann permettent de mettre en avant la part d'obscénité délibérée et de malsain qui résident dans
l'érotisme et dans l'amour. D'ailleurs, le lecteur entre lui aussi dans une relation de perversité avec le texte, par la naissance d'un attrait inavouable et d'un émerveillement qu'exercent sur celui ci des situations pourtant tout à fait repoussantes, les évocations d'une sexualité sale, crasseuse, maladive, scatologique ou nécrophilique, les scènes de fièvres délirantes et de folies furieuses, de débauches alcoolisées et de désirs morbides, voire macabres.
George Bataille définit lui-même son récit comme une expérience limite.
p. 193 « J'avais perdu la tête. J'étais une bête, moi aussi, mais, en même temps, j'avais tremblé. J'avais imaginé Dorothea profitant de ce que j'étais occupé avec Xénie pour se tuer en sautant par la fenêtre. »
Les phrases sont courtes et le rythme est rapide. Tout se fait dans une sorte d'ivresse perpétuelle. Les relations entre les événements, les émotions et les sentiments sont étranges et ne suivent pas toujours de logique. Les dialogues, les pensées du narrateur, sont emplis d'une sorte de stupeur, de stupidité, d'absurdité. Les personnages semblent parfois détachés à l'extrême de leur sort, ils apparaissent comme des pantins de bois sur la scène d'un jeu de massacre. Tout cela pour le plus grand plaisir du lecteur.
Afin de vous faire un avis, vous pouvez choisir de lire les premières pages, qui sont édifiantes.