Tout est joli dans un corps qui va bien
qui porte ses dents pour rire
et ainsi prouver son sérieux
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Il et elles sont dans l'eau comme dans le ventre premier
le lien est visible
ainsi que cette fleur déposée sur mon nombril
par l'une de mes filles
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Je peux décorer ton ventre
me dit-elle
quand elle dépose cette fleur qui vaut mille
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Excepté dans le désert où dans la dune
et le silence
raccommodent tout aussi bien
racontent tout aussi bien
l'essentiel
comment vit-on éloigné des eaux
L'horizon court
au-dessus de la montagne
le fond de l'air est brûlé
le feu est intentionnel
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Nous n'avons pas quitté les profondeurs de notre plein gré
l'eau nous a poussé à la porte et l'air
s'est engouffré
irrémédiablement
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Les dos brunissent
Les glaces fondent
Sur les mains des nouveau-nés
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Le poème, son écriture
est ici pour remédier à l'impuissance
et l'orage annoncé par les hirondelles
qui puisent l'eau chlorée de
la piscine pour s'hydrater
l'orage claque des dents
cherche le courage d'éclater
voici un poème sur le poème
suis-je enfin poète ?
I
Vu
le bois de mon aisselle
sur une photographie
envoyée par mail
ma mère me somme de
contraindre la nature encore
en ce lieu délicat
de correspondre
II
Il est vrai que ne figure pas sur le menu
de la formule All inclusive
une récréation sans les mères
autrement, on s’y bousculerait
davantage
III
Le persil qui dépasse du panier
n’a pas la meilleure des presses
pourtant le panier est de bon goût
et le persil entretenu aux huiles
essentielles
IV
Face à la piscine
jambes écartées
mine de rien
Le persil qui dépasse du panier
n'a pas la meilleure des presses
pourtant le panier est de bon goût
et le persil est entretenu aux huiles essentielles
Celle que j'étais il y a dix ans
est un peu plus qu'un souvenir
celle que j'étais il y a vingt
est une simple pierre blanche
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Il y a vingt ans
un été semblable
j'étais avec mes parents
le club avait un nom autre
j'avais le même nom
et les mêmes rêves contrariés
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Je voulais être reine
et je voulais n'être rien du tout
je suis devenu poète
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L'éternelle contrariété est le destin de contradiction
Huit jours sans masque
j'accepte de nouveau
mon visage de naissance
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Quelques heures seulement
avant qu'il ne mue
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Et renaisse
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Sous l'eau la figure face au large se demande ce que les courants lui ramèneront des profondeurs. Qui viendra lui demander des comptes. Qui viendra lui prendre ce qu'elle n'arrive pas à obtenir. Que viendra défaire son visage comme elle en défait deux fois par jour. Se demande moi de la nuit.
Le paradis n'est pas un lieu pour une vierge
si vierge il y a - car
que cela veut dire enfin puisqu'
aucune peau n'existe et auc'
un sang
il a fallu que je justifie un jour d'un mythe
par un papier signé et sérieux
que j'y appose mes empreintes
moi qui ne crois pas
la nuit m'a saisie ce jour-là
m'a nommée violence
ce grain de beauté est le baiser
qu'elle a laissé sur ma joue :
j'ai dit adios à mon surmoi
Je tire le rideau sur les souvenirs mais le rideau est passoire
par ses trous le souvenir envoie ses enfants illuminer
mes reniements
m'embrassent
J'ai ovulé dans la culotte
en voici un autre qui ne connaîtra pas l'enfance
fort heureusement
Le cumulonimbus qui avance vers nous
menace le jeu et la vacance
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Le parent a l'avantage d'être né avant
il a ce coup d'avance des dieux
et comme les dieux essuiera tôt ou tard
la merde sur les murs de la foi qui détale
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Le parent
ou tas qui gît sur le transat
de tout le poids de l'année
est appelé genitore en italien
[Dans mon imagine estival
le mot se dresse en italique]
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L'orage est prédit pour la région
panique : rien à faire d'autre
sur l'île que nager
et je n'ai pas d'imagination
ne de corps à
[couvrir d'un]
baiser