"Un vrai grand vinaigre balsamique est élaboré selon un processus long et méticuleux. Le liquide est transvasé d,un tonneau à l,autre; il prend à chaque passage les parfums d'un type de bois différent - chêne, cerisier et genévrier - et devient plus riche et plus complexe à chaque étape." p.208
" Certaines odeurs étaient pointues comme un claquement de talons hauts sur un parquet de bois dur. D'autres évoquaient la chaleur qui flotte dans l'air à la fin de l'été." p.16
— Ian ? Qu’est-ce qui se passe ?
— Elle a dit oui pour le dîner. Je fais quoi, maintenant ?
— Vous cuisinez, Ian.
— Je sais, mais quoi ?
— Eh bien … qu’est ce que vous éprouvez pour elle ?
— Elle est belle, intelligente et …
— Je veux dire, reprit Lillian, d’un ton patient, qu’est ce que vous voulez ?
— Je veux …
Ian se tut, puis sa voix s’éclaircit :
— Je la voudrais pour tout le reste de ma vie.
— Alors cuisinez comme ça.
Certaines odeurs étaient pointues comme un claquement de talons hauts sur un parquet de bois dur. D’autres évoquaient la chaleur qui flotte dans l’air à la fin de l’été. Lilian observait la façon dont une odeur de fromage en train de fondre attirait les enfants hors de leurs chambres, tout alanguis, dont l’ail leur déliait la langue et leur faisait raconter leur journée à partir d’une simple plaisanterie.
Elle se demandais parfois pourquoi les psychologues s intéressaient autant à ce qui se passait dans la chambre à coucher. On pouvait tout apprendre d un couple en observant sa chorégraphie dans la cuisine quand il préparait un repas.
Elle découvrit aussi que les gens semblaient réagir aux épices comme à d autres personnes, qu ils étaient instinctivement détendus au contact de certaines et pris d une sorte de rigidité cadaverique affectives devant d autres.
Les odeurs étaient pour elle ce que les mots étaient pour d autres, quelque chose de vivant, qui grandit et évolue.
Lilian adorait observer ses élèves en cet instant: c étaient des éléments qui deviendraient plus complexes et plus déconcertants à mesure qu ils se meleraient les uns aux autres, mais au début leur essence, mise en relief par l environnement étranger, se détachant distinctement.
ses enfants étaient le tableau et elle n'était que le chevalet.
On ne l'avait jamais autant touchée de sa vie, elle n'avait jamais autant senti le contact d'une autre peau contre la sienne que depuis qu'elle était mère. Pourtant, elle avait l'impression, excepté vis-à-vis de ses enfants, d'être devenue transparente. A quand remontait la dernière fois qu'un inconnu l'avait regardée comme si elle était... une possibilité ?