Un jour, j’ai fait croire à mon petit frère Benoit que les huîtres vivaient en montagne et que, pour les attraper, il fallait se terrer dans un coin, attendre qu’elles sortent de leur trou puis leur sauter dessus. Plus tard cet été-là, alors que nous étions en vacances à la campagne avec notre famille, Benoit m’a proposé de grimper le sentier jusqu’à la croix blanche au sommet du mont Saint-Raymond et de rapporter quelques huîtres à maman pour le souper. C’est à ce moment que j’ai su avec certitude que j’allais être écrivain. Dans ce métier, il faut savoir convaincre.
C’était un passéiste, ça se voyait à sa façon de renifler ma collection de vieux objets et d’ignorer si complètement les quelques appareils modernes disséminés dans la maison. J’hésite à comparer mon esprit à celui d’un labrador de neuf ou dix ans, mais je pense que si nous partagions lui et moi le même intérêt pour le passé, c’était surtout parce que le passé est en somme un présent qui a survécu dans la mémoire.
Aujourd’hui j’ai consacré toute la matinée à la correction d’un texte pour finalement ne supprimer qu’une virgule.
J'ai réalisé que lorsque les mots ne me venaient pas, ce n'étais pas que je manquais de vocabulaire, c'est que je manquais de poésie.
Le soleil va paraître
Déjà les souvenirs entrent par la fenêtre
Je ne savais pas que les choses allaient se passer ainsi: j'étais jeune, et l'instant d'après j'ai cessé de l'être.