Les gens avaient l’habitude des histoires qui finissaient mal, alors quand un malfrat se faisait enfin appréhender, il servait d’exutoire à toutes leurs frustrations.
Quels étaient les synonymes, pour métaphore ? Allégorie, parabole, allusion foireuse. Non, pas terrible, ça ! Trente-deux, trente-trois… Courage, plus que quatre cent soixante rebonds… Ou un peu plus ? Vince n’avait jamais été très doué en maths, pas plus qu’en français, d’ailleurs. Il faisait partie de cette sinistre catégorie d’individus moyens en tout. « Peut mieux faire », c’est ce que ses professeurs n’avaient cessé d’écrire sur ses carnets de notes durant toute sa scolarité.
Abandonnée, si pleine de potentiel et pourtant si seule, la balle de tennis ressemblait à une métaphore de sa propre vie. Hou là ! Qu’est-ce qu’il lui prenait, à imaginer des trucs pareils ? Pas de doute, il devenait chaque jour un peu plus dingue. Vince souffla et la ramassa, sentant les muscles de son dos protester sous le coup de ce nouvel effort. Il la fit rebondir une fois, deux fois, puis reprit sa route. L’essayer, c’était l’adopter. Il y avait un vide dans sa vie, et cette balle réussirait peut-être en partie à le combler. Ça lui reviendrait toujours moins cher qu’un chien ou un chat.
La prose, il laissait ça à ceux capables de la manier. Lui, il se contentait de la vendre. Il était libraire. Un libraire « banal et insipide », comme les premières pages de son bouquin.
La vie n’était qu’un vaste hall de gare, et il était ce passager diaphane assis sur le banc attendant le grand train de la mort. Hé, pas mal, ça. La phrase aurait été idéale pour le début d’un livre, s’il avait voulu se donner la peine d’en écrire un. Sauf qu’il n’avait jamais été doué pour ça. Une fois, tout de même, il avait essayé une histoire d’amour qui finissait par tourner vinaigre, à l’instar de sa propre vie.