Mon monde a basculé, livré aux ombres des morts qui a présent hantent le village. Sous un ciel cramoisi, je contemple les cadavres qui jonchent les ruelles, je regarde les visages ; devine les sourires sur les bouches muettes, des champs dorés dans les pupilles rétractées
La peur me remet debout, je la porte en moi depuis mon départ comme une masse claudiquant dans ma poitrine. Lorsqu’elle est à son paroxysme, elle gonfle en moi et me ballote comme une voile sur les flots. Pour m’en débarrasser, je dois courir vite
La montagne a l’allure déchiquetée, avec des cimes dentelées, des futaies trempées dans des bouts d’obscurité où prolifèrent d’immenses arbres aux branches puissantes, semblables à des bras humains qui s’agitent dans les blanches clairières.
Elle se réapproprie la montagne avec courage pour rendre justice à son village comme l’avait fait autrefois sa mère en se battant contre l’armée française dans ces mêmes lieux
Nassira Belloula, algéroise et montréalaise
Entrevue au Salon du livre de Montréal 2015
Nassira Belloula était journaliste à Alger dans les années 1990 et vit maintenant à Montréal.