Un ballet aquatique assez culotté !
Que dire de ce premier roman si ce n'est qu'il est original ? Il y est question de deuil, sans doute l'un des plus traumatiques qui soit puisqu'il s'agit du deuil après le suicide d'un proche. Mais l'autrice traite de ce thème douloureux dans un récit plein de fantaisie qui finit par un trait d'humour noir qui ne peut qu'interpeller. En tout cas, personnellement, il m'a laissée bouche bée !
Le père de Claire s'est suicidé après avoir mené une vie plutôt débridée. Il vivait sans prendre soin de lui, était capable d'honorer les paris les plus stupides, buvait plus que de raison, discutait avec un crâne posé sur son bureau, fumait du shit qu'il se procurait auprès des copains de ses enfants. Mais Claire était dans le déni, elle n'a pas voulu voir en lui un alcoolique ou un junkie. Elle préférait le voir comme un père cool, elle était fière de le présenter comme un scientifique talentueux, ce qu'il était aussi.
Le roman alterne les points de vue de Claire et de son père qui semble nous parler d'outre-tombe. Il nous explique ses difficultés à vivre, son angoisse perpétuelle de la mort et sa peur de la déchéance, lui qui désormais tourne en rond comme un poisson dans son bocal. Quelques pages emplies d'onirisme font aussi entendre la voix de Claire. Les frontières entre la réalité et le monde du rêve deviennent petit à petit plus poreuses. A son réveil, Claire ne sait plus toujours démêler le vrai du faux et elle ne le souhaite pas car la nuit devient une seconde vie où elle revoit parfois son père.
A la question existentielle, « Y a-t-il une forme de vie après la mort ? »,
Jeanne Beltane répond à sa façon et comme je le disais en titre, la résilience y est plutôt impertinente. J'ai aimé ce culot et cet humour sacrément noir. Mais son récit ne pourra pas plaire à tout le monde