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Critique de manU17


Parlons d'abord de ce livre en tant qu'objet. Une couverture dans des nuances de rouge. Rouge. Rouge chaud, rouge passion, rouge sang. La vie, l'amour, la mort. Un vieux canapé ou un vieux fauteuil, plusieurs tissus chamarrés, tissus fleuris, tissus rayés. Un mur, un mur patiné par la vie, un mur patiné par le temps.

Parlons de l'histoire maintenant. C'est l'histoire d'un homme lassé par son travail, lassé par sa femme, lassé par sa vie. Il en est sûr, son échappatoire se fera par l'écriture ou ne se fera pas. Joyce a eu son Ulysse, il aura le sien, enfin quelque chose dans le genre. Il ne sait pas encore très bien. Son salut va venir d'un concours d'écriture qu'il va remporter et pour lequel il est envoyé à Naples afin d'écrire la ville…

Un étrange appel téléphonique va le conduire jusqu'à la bien nommée
« Albergo dei Poveri », l'Auberge des pauvres. Un imposant bâtiment délabré, laissé totalement à l'abandon après avoir accueilli autrefois toutes les misères du monde. Dans les multiples et labyrinthiques méandres de ce palais des cabossés de la vie, il va faire une rencontre capitale avec une vieille femme : la Vieille.

Détentrice de toutes les histoires et de tous les secrets les plus sombres et les plus impudiques de la ville et de ses habitants, cette vieille femme aussi fascinante que repoussante m'est apparue comme une sorte de gorgone, de méduse gardienne de toutes ces âmes perdues… Elle a vécu plusieurs vies, elle a aimé, elle a souffert mais jamais à moitié. Quand elle a aimé, c'est passionnément, quand elle a souffert, c'est douloureusement. Perchée sur son trône, son vieux fauteuil hors d'âge et hors d'usage, elle règne sur sa cour, sur ses sujets telle une déesse underground autant vénérée que redoutée dans cette Naples interlope. Des bas-fonds de la ville aux tréfonds de l'âme humaine. La Vieille comme une allégorie de la Ville. Vieille, ville… L'âme de la ville.

De récits en histoires, de confidences en réflexions, d'illusions en désillusions, chacun apporte sa contribution et sa pierre à l'édifice, de la ville comme de l'histoire… Chacun cherche son moi… Histoires d'amours au pluriel, amours finis, amours perdus, amours rêvés, amours fantasmés, amours contrariés…

J'ai adoré ce livre donc j'ai d'autant plus de mal à en parler. Une langue magnifique, un émerveillement à chaque page, l'envie de tout noter, de tout relever. Des retours en arrière, pour relire un paragraphe, une fois, deux fois, trois fois. Pour en savourer la poésie, la musicalité, le bon sens. Ce livre m'a emporté, transporté, touché, ému, séduit. Jamais je n'ai eu un livre rempli d'autant de post-it. Envie de me souvenir de tout. Jamais je ne crois avoir autant savouré les phrases d'un livre. Plus que l'histoire, j'ai été envouté, c'est ça, envouté par l'écriture de Tahar Ben Jelloun. Magique, magnifique, poétique…


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