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Critique de brigittelascombe


"Il avait l'habitude de dire:'Les mots ne mentent jamais; ce sont les hommes qui mentent; moi je suis comme les mots!' "
Il c'est Mohamed,petit et complexé, qui se fait appeler Mahmed au grand dam de son père,qui lit Marx et Lénine.
Son alter égo, c'est Ali, dit "Al Fassi le Juif" au lycée, un "fils de bonne famille" à la "belle gueule, anticolonialiste et militant.
Ils ont tous partagé:les cours en 1960,les filles,les excés sans tabou,les blagues salaces, la prison par la suite en 1966,puis le camp disciplinaire;ils se sont sauvés la vie mutuellement et malgré des orientations différentes la médecine pour l'un et l'enseignement pour l'autre,leur amitié n'a pas failli, elle est même passé avant leurs épouses respectives.
Alors où est la faille? D'où vient la rupture sans appel?
Tahar Ben Jelloun (prix Goncourt 1987 pour La nuit sacrée) évoque l'amitié dans le dernier ami,une amitié au risque de la mort et une cassure basée sur un mal-entendu.
Là où le premier n'y verra que protection, l'autre interprètera trahison et volonté de détruire.
Le talent de Tahar Ben Jelloun; qui situe le thème central de ce roman sur la page d'histoire de la guerre d'Algérie qui dénonce les abus, les arrestations intempestives,tortures et lavages de cerveaux, qui évoque aussi les graves manques (misère et conditions de soins médicaux déplorables) et le système archaïque des pays du Maghreb; est, comme au tribunal, de présenter au lecteur les versions des faits de chacun. Un troisième larron Ramon, rencontré lors de leur emprisonnement servira de témoin neutre.
Trois récits (la version d'Ali, celle de Mahmed et la vision plus neutre de Ramon) en un roman qui donnent à réfléchir sur les notions d'amitié et de rivalités, car les faits relatés sont-ils bien objectifs? Chacun n'a-t-il pas sa part de responsabilité dans l'échec d'une relation?
Des portraits criants de vérité, car les mots de Tahar Ben Jelloun, eux, ne mentent jamais!
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