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Critique de Sando


A 47 ans, on ne peut pas dire que la vie de Rachel Waring soit franchement exaltante… Célibataire depuis toujours, elle vit en colocation avec Sylvia, dans un petit appartement londonien, exerce un travail purement alimentaire et semble avoir fait une croix sur ses rêves. Jusqu'au jour où elle hérite d'une maison ancienne à Brighton, laissée par une vieille tante à moitié folle, avec laquelle elle n'avait plus aucun contact. Dès lors, Rachel quitte tout pour s'installer dans sa nouvelle demeure, voyant dans ce déménagement l'occasion rêvée d'un nouveau départ dans la vie et le début d'aventures trépidantes…


Rachel Waring fait partie de ses héroïnes romantiques, à la façon d'Emma Bovary, qui rêvent leur vie au lieu de la vivre. Plutôt que de nous livrer un portrait distancié de son personnage, Stephen Benatar laisse à Rachel la maîtrise totale de la narration. Ainsi, elle partage avec nous sa propre perception du monde, faite de déceptions mais aussi, et surtout, d'enchantements. Une proximité qui nous permet de saisir tout de suite la fragilité et la délicatesse du personnage, nous le rendant très vite attachant.


Si, au début du roman, Rachel apparaît comme une vieille fille plutôt fade, passionnée de comédies musicales et d'histoires à l'eau de rose, dignes de romans Harlequin, elle se métamorphose véritablement après son emménagement à Brighton. Les rancoeurs du passé semblent envolées au profit de perspectives nouvelles, faites de rencontres et du projet d'écrire un livre. Dès lors, Rachel se rêve le centre d'intérêt de Brighton, courtisée par les hommes, jalousée par les femmes, elle décide de se consacrer à l'art et à l'amour et de partager avec tous sa vision optimiste de la vie.


Commence à naître un malaise chez le lecteur qui sent un décalage entre le récit tel qui nous est raconté par Rachel, et sa réalité… Celle-ci interprète chaque évènement, chaque réaction, à son avantage, idéalisant, transformant la vérité en quelque chose de meilleur et n'hésitant pas pour cela à nous donner des justifications pour le moins invraisemblables… Des réactions et des raisonnements de plus en plus fantasques qui nous plongent progressivement au coeur de la folie douce de Rachel et font ressortir toute la dimension pathétique du personnage…


Que dire de plus pour vous donner envie de lire « La vie rêvée de Rachel », si ce n'est qu'il s'agit d'un roman magistral, qui s'immisce dans votre vie et vous marque durablement. Stephen Benatar fait preuve d'un talent remarquable pour se glisser avec autant de justesse dans la peau d'une femme, une de ces héroïnes ordinaires qui, par certains côtés, nous ressemble. Difficile alors de ne pas être touché par son sort… Il décrit avec un réalisme étonnant cette bascule de la folie douce vers une folie totale, laissant le lecteur impuissant, presque abasourdi face à une telle issue. Un roman magnifique qui, sous son apparente douceur, vous bouscule, vous remue et vous laisse un véritable sentiment de malaise. A découvrir absolument !


Et pour faire durer le plaisir de lecture, n'hésitez pas à écouter en parallèle la playlist de Rachel compilée sur le site du Tripode : http://le-tripode.net/livre/stephen-benatar/la-vie-revee-de-rachel-waring
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