- L'autre problème, poursuivit Bella, c'est que le système de chauffage a aussi été endommagé par le déraillement. Je me suis échinée à le remettre en marche jusqu'à présent, mais il a complétement arrêté de fonctionner. Il va commencer à faire très froid.
(...)
Mais il y a pire encore... (...) On est à court de thé.
Roz se demanda un instant ce que cela ferait d'avoir de nouveau la vingtaine. Elle frémit. Elle préférait avoir quarante-neuf ans et n'avoir rien à cirer du tout.
C'était là un des problèmes quand on travaillait dans les forces de police : on n'avait plus confiance en personne.
— Bienvenue, ma puce, poursuivit-elle, se penchant pour déposer un baiser léger comme un flocon de neige sur le front d’Eve. Je suis ta mémé. Et je vais te protéger et t’aimer avec la puissance du whisky, la douceur du caramel et la longévité ridée des raisins secs.
Les premières étapes du deuil lui faisaient penser à un ouvre-boîte de mauvaise qualité. Les dents n’étaient pas assez aiguisées pour transpercer d’un coup le cœur métallique. Elles le mâchonnaient un peu, mais pas assez pour voir ce qu’il y avait réellement à l’intérieur, puis s’arrêtaient. Au bout d’un moment, elles recommençaient. Un millimètre douloureux à la fois. Roz n’avait même pas commencé à ouvrir la conserve de la mort de sa mère.
Dans sa chambre, il ne lui fallut pas longtemps pour trouver ce dont elle avait besoin. Elle devait être Insta-prête, Gram-fabuleuse, TikTok-astic et autres expressions ridicules employées par ses chargés de relations publiques.
Les fêtes hivernales ont toujours mis en relief la mort. Il est question de se raccrocher à la lumière aux heures les plus sombres, au lointain espoir que les longues nuits raccourciront et, bien qu’on puisse difficilement l’imaginer actuellement, que l’aube viendra, et l’été aussi.
Ember sortit un mince volume de son sac à main – Le Crime de l’Orient-Express. Cela faisait des années que Roz ne l’avait pas lu. Adolescente, elle adorait Christie, mais quand elle avait commencé à travailler dans la police, elle avait eu son content de meurtres.
Tu prends vie quand l'enjeu est élevé
Le coeur, c'est comme la mozzarella : réchauffe-le et il s'étirera autant que nécessaire