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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Desiree et Stella Vignes, soeurs jumelles nées à Mallard (En Louisiane, au sud de l'Amérique profonde) ont disparu le 14 août 1954, à l'âge de seize ans. En 1968, Desiree est revenue avec une petite fille à la peau « noir bleu ». Elle a perdu la trace de sa soeur Stella, un an après leur fugue (à la Nouvelle Orléans) et a épousé un homme de couleur, à la peau foncée. C'est pourtant Desiree qui avait entrainé sa jumelle, plus posée et plus sage, meilleure élève aussi, dans une fuite éperdue, loin de cette ville paumée où elles avaient vu le jour …

Installée à Washington avec son avocat d'époux, elle est employée par le FBI et est (hélas !) devenue une femme battue. Envoyé à sa poursuite, Early Jones qu'elle avait rencontré lors de son adolescence va l'aider à retrouver Stella, par amour pour elle.

Brit Bennett a découpé son récit en six parties sur une vingtaine d'années (1968-1986) au cours desquelles l'auteure nous fera découvrir des protagonistes attachants, déroulant habilement la chronologie des évènements avec des flash back qui nous permettront de comprendre pourquoi Stella a évolué tout à fait différemment de sa jumelle. Les retrouvailles des cousines (Jude et Kennedy, filles respectives de Desiree et Stella) bien que paraissant un tantinet trop prévisibles, tentent à expliquer l'impossibilité d'aller à l'encontre d'un destin tracé par avance … Un bien beau roman et un gros coup de coeur !
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COUP DE COeUR

Stella et Désirée Vignes vivent à Mallard avec leur mère après que leur père ait été tué par des Blancs racistes. Mallard est une petite ville (fictive) de Louisiane, fondée en 1848 par l'ancêtre des jumelles, Alfonse Decuir. Elle a la particularité d'être peuplée d'afro-américains à la peau tellement claire qu'ils sont pris sans difficulté pour des blancs. Depuis des générations, les noirs de Mallard, obsédés par la couleur de leur peau, ont réussi à blanchir leur peau à force d'unions avec des personnes plus blanches qu'eux... "toujours plus clairs, comme une tasse de café qu'on diluerait peu à peu avec le lait". Ils sont, de ce fait, rejetés aussi bien par les noirs que par les blancs.

En aout 1954, les jumelles qui ont seize ans fuient Mallard et leur famille pour la Nouvelle-Orléans. Peu de temps après leurs chemins se séparent. Stella décide de passer pour une Blanche, elle épouse un riche Blanc qui lui même ignore les origines de son épouse. Après Boston, le couple s'installe à Los Angeles. Désirée, qui a perdu la trace de sa jumelle, épouse l'homme le plus noir qu'elle ait pu trouver.

Lorsque quatorze ans plus tard, tentant d'échapper à la violence de son mari, Désirée réapparait à Mallard, elle est accompagnée de sa petite fille June de huit ans à la peau aussi noire que celle de son père. Pendant ce temps Stella vit à Los Angeles avec son mari et sa fille Kennedy, aussi blonde que sa cousine June est noire.

Désirée a cherché vainement pendant des années à retrouver sa jumelle. Des années plus tard, une rencontre fortuite entre June et Kennedy va peut-être permettre aux jumelles de franchir le fossé qui les sépare.....

Ce roman relate sur plus de 20 ans l'histoire de la famille Vignes. L'histoire de Léon et Adèle, les parents de Stella et Désirée, puis celle des jumelles et de leurs filles respectives. C'est un roman sur l'identité afro-américaine et sur l'identité en général. C'est l'histoire de jumelles qui prennent des directions complètement opposées, de deux métisses dont une décide de vivre une vie de Blanche, tentant d'effacer une part d'elle-même et d'assumer une vie bâtie sur un énorme mensonge. Un roman brillant qui interroge la question de l'identité noire au delà de la couleur de la peau. Qu'est-ce qu'être Noir ? Est-ce surtout une question de regard des autres ? A quel prix peut-on vivre dans un monde autre que le sien ? Jusqu'où peut-on renoncer à une partie de soi-même, renoncer à son identité et à sa jumelle ? Dans ce roman où Brit Bennett ne porte aucun jugement sur le choix de Stella, la question du racisme est abordée d'une façon assez inhabituelle en mettant l'accent sur la discrimination basée sur la couleur de la peau au sein d'une même communauté. Il est aussi question des racines profondes qu'il est difficile de rompre, de changement de couleur de peau et de milieu social mais aussi de changement de sexe à travers l'histoire du compagnon de June avec les fractures raciales et sociales en vigueur aux États-Unis en toile de fond.
Une réflexion profonde au travers d'un roman d'une construction parfaite, d'un style d'une grande fluidité dont il est aisé d'imaginer l'adaptation cinématographique. Un roman addictif qui se lit d'une traite. Un roman beaucoup plus profond que le premier roman de Brit Bennett , le coeur battant de nos mères, qui ne m'avait pas convaincue.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Mallard, petite bourgade de Louisiane dans le comté de Saint-Landry n'est même pas mentionnée sur les cartes du pays, à quoi bon ! Ce lieu est, dirons-nous l'entre soi d'une population à la peau plus claire que celle du voisin, une ville à l'image de son fondateur Alphonse Decuir. « … l'idée, elle était venue à Alphonse Decuir en 1848, alors qu' il se tenait dans les champs de canne à sucre légués par son père dont il avait été lui aussi la propriété. À présent que le père était décédé, le fils affranchi voulait construire sur ses terres quelque chose qui défierait les siècles. Une ville pour les hommes tels que lui, qui ne seraient jamais acceptés en tant que Blancs mais qui refusaient d'être assimilés aux Negres… « . le roman débute en 1964. Pour comprendre l'histoire il faut savoir que le 14 août 1954, jour de la Fête du fondateur, les jumelles Vignes les trois fois arriere-petites-filles d'Alphonse Decuir, Desiree et Stella âgées de seize ans ont disparus, deux enfants « au teint crémeux, aux yeux noisette et aux cheveux ondulés ». C'est une disparition volontaire, un petit peu plus qu'une fugue… Dix ans plus tard, Desiree refait son apparition flanquée d'une gosse « noir-bleu »…
Le décor est planté côté cour mais quelle est l'ambiance côté jardin, lorsque le rideau retombe sur l'intimité de chacune? Que s'est-il passé durant toutes ces années ? Pourquoi Desiree revient-elle ? et cette enfant, Jude ? et Stella, qu'est devenue Stella ?
Adele, Desiree, Stella, Jude, Reese et Kennedy sont les six faces d'un dé jeté au hasard de la vie, blanc sur noir, noir sur blanc ou plus complexe encore.
Ce roman à suspense est un meuble à tiroirs recèlant des petits secrets… Avec ses mots l'auteure afro-americaine soulève le voile de la ségrégation, du racisme qui peut aussi exister au sein d'une communauté, la quête d'une identité lorsque l'individu se situe à la frontière entre deux mondes, une frontière plus intime parfois.
Un roman intéressant, vraiment.
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Brit Bennett parle, dans ce beau roman, des thèmes de la gémellité et de l'identité.
Elle déroule l'histoire de jumelles métissées et les conséquences de leurs choix de vie respectifs, diamétralement opposés, durant les années 70 et 80. La jeune auteure -née en Californie en 1990- nous révèle ainsi beaucoup sur la perception de la couleur de peau aux Etats-Unis, couleur réelle, couleur ressentie, couleur affichée... Sur cette question, les jeunes Desiree et Stella adopteront des positions différentes. Ce livre nous aussi fait réfléchir aux différences avec la vision de la question en Europe, où l'histoire ne serait pas transposable dans les mêmes termes, me semble-t-il.
La psychologie des personnages est très fouillée, l'écriture, fluide, le récit avance et rebondit, procurant une lecture très prenante.
Après le premier roman de Britt Bennett, le coeur battant de nos mères : encore une jolie découverte !
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L'autre moitié de soi retrace le parcours de deux soeurs jumelles très proches : Désirée et Stella qui vivent dans une Amérique fraîchement déségrégationnée . Adolescentes elles fuguent ensemble pour faire leurs vies ailleurs mais leurs chemins vont se séparer. 14 années passent, Désirée fuit un mari violent et rentre dans sa ville natale avec sa petite Jude. Stella quant à elle a décidé de fuir sa condition de femme noire pour devenir une femme blanche mariée a un homme blanc et a donné naissance a une petite Kennedy. On suit le parcours de ces deux jeunes femmes qui ont fait des choix de vie totalement opposés. Mais le destin s'en mêle et crée une rencontre entre leurs filles... elles aussi adolescentes. C'est un roman qui nous parle d'amour maternel, d'héritage et qui pose la question : jusqu'à quel point de non-retour sommes-nous prêts à aller pour réaliser nos rêves d'une vie meilleure ? Brit Bennett nous offre un histoire forte sur la construction d'identité et la volonté de faire basculer son destin envers et contre tout, quitte à vivre dans le mensonge et le déni. Partir, se trouver et se construire, c'est tout un chemin à parcourir.
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Je suis très heureuse d'avoir pu découvrir le dernier roman de Brit Bennett grâce à Babelio et aux éditons Autrement. J'ai eu la chance même de pouvoir rencontrer par visio l'auteure avec 29 autres camarades lectrices et lecteurs. Trop intimidée je n'ai pu poser mes questions, mais cela restera un moment mémorable. Et j'ai beaucoup appris sur les coulisses de ce roman.
Mallard est une petite ville utopique (peut-être pas) où les habitants suivent une règle très simple : ne jamais se marier avec plus noir que soi. La culture du blanc est une question d'héritage et de rêve un peu fou que l'Homme Noir devient l'Homme Blanc. État du Sud qui a souffert du ségrégationnisme, les souvenirs demeurent d'un temps qui se tait. Mallard, à part cela n'a rien d'exceptionnel. Des hommes et des femmes qui travaillent souvent pour des blancs et d'autres à la raffinerie. Une ville modeste typiquement américaine, éloignée d'un peu tout, où la vie sociale s'organise autour de l'église et des différents événement qui l'animent. le rêve américain est loin de faire des émules, seule la triste réalité demeure. Stella et Desiree, deux jumelles qui rêvent à un ailleurs où tout est possible, fuguent. Commence ainsi leur histoire semée d'embûches et qui va les mener à leur destin. Deux chemins de vie pour deux perceptions complexes. L'une revient dans sa ville natale avec dans ses bras une jolie petite fille, Jude, aussi noire que les ténèbres. L'autre disparaît de la circulation faisant de sa vie un mensonge.


Brit Bennett explore l'identité de chaque jumelle avec franchise effrayante. Sondant l'âme humaine, elle met en lumière un fait de société le passing qui consiste, antre autre, aux personnes de la communauté noire de se faire passer pour Blanc. C'est quelque chose d'assez étonnant, d'un côté la communauté noire fière de ses origines et de l'autre cette communauté noire qui se camoufle. Est ce une conséquence du traumatisme ségrégationniste ? Brit Bennet joue avec subtilité et malice avec les couleurs conférent un roman lumineux et impressionnant. Elle joue également avec le temps, entre passé et présent et futur, elle met en exergue les liens intergénérationnelles et les secrets familiaux. Les conséquences prises tour à tour se répercutent sur leurs filles respectives. Jude devient une jeune femme noire ambitieuse et sûre d'elle. Une confiance qu'elle accorde dans un monde atypique où un autre passing est mis en lumière. La quête identitaire se poursuit auprès d'autres personnages où le genre ne se définit pas au sexe. Kennedy, fille de Stella, a toujours vécu dans un monde dorée où l'apparence est primordiale. Accaparée par les secrets de sa mère, Kennedy a du mal à se définir. Sa quête identitaire la porte dans de nombreuses aventures qui ne s'arrêteront que lorsque le secret sera éventé. Les silences, les non-dits contre l'exubérance, l'affirmation de la couleur. Un paradoxe et un duo totalement envoûtant.


Brit Bennett signe un roman exaltant sur la quête identitaire sans oublier des plus clin d'oeil sur la ségrégation. Un roman puissant et obsédant sur l'origine et le devenir. Un roman singulier qui étonne par son thème auquel, en France, il est impossible de concevoir. Un roman magnifiquement écrit dont bien évidemment j'en sors éblouie.
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Quand j'ai découvert en mai les avis dithyrambiques de la presse spécialisée et des blogueurs américains autour de The Vanishing Half, le second roman de Brit Bennett après The Mothers (Le coeur battant de nos mères, paru aux éditions Autrement en août 2017 et disponible en poche chez J'ai lu) qui allait paraître début juin outre-Atlantique, j'ai su. J'ai su que cette histoire me toucherait, j'ai su que j'avais envie d'avoir ce livre entre les mains, de me plonger dans ses pages, d'en disséquer le récit, de me vautrer dans chaque phrase, dans chaque mot, en ronronnant de plaisir. Impatient, j'ai partagé ma fébrilité sur les réseaux sociaux et je dois publiquement remercier la (le ?) community manager des éditions Autrement pour sa patience et son enthousiasme en écho au mien. Seule l'annonce d'une parution rapide en France m'a empêché de le commander en anglais pendant l'été.

J'étais pourtant loin d'imaginer en réalité ce qui m'attendait : un roman magique, parfait, sublime, un roman qu'on aimerait sans fin, afin qu'on puisse chaque jour poursuivre le voyage littéraire. Une claque, un coup de coeur, un chavirement, vous utiliserez l'image qui vous plaît le plus mais vous l'aurez compris : ce livre m'a transporté au delà de toutes mes espérances.

Qui est-on vraiment ? Cette question sur l'identité et ses conflits est au coeur du roman de Brit Bennett. Autour du destin clivé de deux jumelles, Desiree et Stella Vignes, l'autrice tisse une toile incroyable au fil des ans sur cette question aussi intime que sociétale. Sommes-nous jusqu'à notre mort la même personne qu'à notre naissance, celle qui porte l'héritage génétique de ses parents et de son milieu sans pouvoir jamais s'en défaire ? Sommes-nous celui ou celle que la société fait de nous, par la façon dont elle nous voit, dont elle nous catégorise ? Ou bien sommes-nous celui ou celle que l'on désire devenir, indépendante et libérée de ses origines, de son genre, comme un caméléon qui s'adapte à l'environnement qu'il côtoie ?

Desiree aura d'un mariage malheureux une fille tellement noire qu'on dira d'elle qu'elle vire au bleu nuit, une enfant noire comme jamais Mallard n'en a vu, cette ville peuplée d'afro-américains au teint clair qu'on pourrait prendre pour des blancs un peu bronzés. Stella refera sa vie dans un autre univers, gommant au maximum ces origines qui l'embarrassent en se créant une nouvelle vie et une seconde peau jusqu'à enfin vivre dans ce milieu blanc aisé, ce milieu privilégié dont elle rêvait depuis longtemps. Des années après, les cicatrices sont toujours visibles et certaines plaies jamais totalement refermées deviennent béantes : il faut alors retrouver cette autre moitié de soi pour redevenir soi-même.

Un roman magistral, brillant du début jusqu'à la fin, à côté duquel il ne faut surtout pas passer.
Lien : https://www.hql.fr/lautre-mo..
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Un roman époustouflant (autant que son premier roman traduit en français le Coeur battant de nos mères, sacré Meilleur premier roman étranger du magazine Lire 2017) retraçant l'histoire et la trajectoire que prendra chacune des jumelles Vignes, nées dans une petite bourgade du Sud des Etats-Unis dans les années 1950.
Au-delà du thème de l'identité qui est très large et qui regroupe tout aussi bien sa place dans la famille, l'endroit où l'on naît et grandit (et d'où on décide de partir), la quête de soi, l'identité sexuelle.
L'identité, dans ce roman, c'est par la couleur de peau qu'elle se traduit, dans une Amérique encore ségrégationniste, dans une ville où l'on se jauge d'après la déclinaison de sa nuance de teint.
Jusqu'où peut-on aller pour trouver sa place et échapper au déterminisme? Renier qui l'on est et s'inventer autre?
Des thèmes qui sont d'autant plus forts qu'ils sont traités à travers la gémellité.

Merci à l'éditeur et à Page des libraires sans qui je n'aurais pas pu lire ce livre magnifique.
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L'autre moitié de soi (The Vanishing Half pour la version originale en anglais) est un roman magnifique et profond qui interroge l'identité et la race dans l'Amérique des années 1950 à 1980. À travers le destin opposé de deux jumelles métisses, Brit Bennett montre que, davantage que les gènes ou l'environnement familial, ce sont nos choix de vie qui font de nous ce que nous sommes.

Dans L'autre moitié de soi, l'autrice imagine un village du sud des Etats-Unis, Mallard, où vivent des métisses dont la couleur « claire » est leur fierté. Dans les années 1950, le pays est encore fortement ségrégé et les personnes de couleur n'ont pas accès aux mêmes transports, aux mêmes lieux de détente, aux mêmes emplois que les Blancs. Pour un Africain-américain à la peau claire, il existe un fantasme, une transgression ultime qui est aussi la promesse d'une vie meilleure et véritablement libre : se faire passer pour un Blanc.

Désirée et Stella, deux jumelles ayant grandi à Mallard, ont vu leur père battu à mort par des suprémacistes blancs. Depuis, elles rêvent de quitter Mallard. Stella, plus discrète, cherche la sécurité, tandis que Désirée, la rebelle, veut s'affranchir de l'obsession ambiante qui fait de la couleur de peau un élément déterminant de l'identité des habitants du Sud. Un beau jour, en catimini, les deux jeunes femmes s'enfuient pour la Nouvelle-Orléans. le début d'une nouvelle vie qui prendra un tournant radicalement différent pour l'une et pour l'autre. Avec, toujours, un passé qui les hante et qu'elles vont devoir apprendre à apprivoiser.

J'ai beaucoup aimé…
- La réflexion sur l'altérité et l'identité : On croit connaître l'autre mais on ne le connaît vraiment jamais tout à fait. Même dans le cas de vraies jumelles comme Désirée et Stella, chacune vit différemment ses traumatismes d'enfance et développe sa propre stratégie de survie. le roman est une ode à la liberté, en quelque sorte : si le passé nous influence, nous restons libres de nous en détacher et de lui donner le sens que nous voulons pour avancer vers la vie que nous choisissons. Même si s'éloigner de la voie toute tracée est souvent un processus douloureux. Une autre question fascinante est celle du mensonge et de la façon dont, à force de répétition, celui-ci finit par devenir une vérité pour la personne qui en est à l'origine.
- La description de la façon dont la question raciale obsédait l'Amérique des années 1950-1960 et le rôle des personnes métisses dans la remise en question de la ségrégation. Comme dans le cas de personnes transgenre, auquel le personnage de Reese fait écho, les personnages qui changent d'identité de race bousculent les certitudes et les représentations sur les hiérarchies sociales. Leur transgression est à la fois taboue, source de malaise, mais aussi incroyablement libératrice.
- La question de la transmission et des non-dits. Au final, plus que la question de la couleur de peau, c'est surtout la transmission du « récit » familial et le poids des secrets qui influencent l'identité des individus. La relation de Désirée et de Stella avec leurs filles respectives est très intéressante à cet égard. Peut-on vraiment connaître et aimer quelqu'un sans rien savoir de son enfance, de son passé ?
- le style de l'autrice. À travers les différents points de vue et les sauts dans le temps, Brit Bennett nous permet de découvrir ses personnages sous différents angles et ainsi de mieux les comprendre. Aucun jugement moral n'est imposé et l'autrice laisse suffisamment de place au lecteur pour s'identifier et se faire sa propre opinion. Il n'y a aucun temps mort et je me suis vraiment sentie absorbée par le récit dès les premières pages.
- La fin. Je craignais une fin convenue comme dans la plupart des films et romans américains à la morale « There's no place like home ». le dénouement de L'autre moitié de soi est, heureusement, beaucoup plus subtil que cela.
Lien : https://histfict.fr/l-autre-..
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Une petite ville imaginaire , Mallard , en Louisiane, une ville peuplée d'habitants noirs à la peau claire parce que son fondateur en 1868, mulâtre affranchi jamais accepté en tant que blanc rêvait de descendance de plus en plus blanche, « comme une tasse de café peu à peu diluée par la crème ». C'est de cette ville que disparaissent , en 1954, deux soeurs jumelles de 16 ans, Desiree et Stella, à la peau assez claire pour passer pour Blanches. Quatorze ans plus tard, Desiree revient à Mallard , sans sa soeur mais avec une fillette de 7 ans « noire comme le goudron; noir-bleu »

Voilà comment débute ce très beau 2 eme roman de Brit Bennet qui entrecroise le destin de ces deux jeunes femmes puis de leurs filles, de 1968 à la fin des années 80. C'est à La Nouvelle - Orléans que le chemin des jumelles s'est séparé : deux soeurs, deux choix de vie, deux identités, choisies ou assumées, mais une même famille , acceptée ou niée.

C'est un grand roman sur l'identité : l'identité afro-américaine bien sûr mais l'identité tout court . Qu'est ce qui fait que je suis moi ? Est ce que je peux échapper à mon destin, à ma famille, à mon histoire , et si oui, à quel prix ? Est- ce qu'on peut se construire sur un mensonge initial sans y laisser son âme ? Comment construire sa famille en occultant ses propres liens familiaux ?

La quête d'identité est aussi posée à travers le personnage de Reese, le petit ami de la fille de Desiree et même celui de Early, compagnon de Desiree, qui a dû se construire sur un abandon dès l'enfance.

Sur fonds de racisme « ordinaire », celui vécu notamment par la petite fille noire dans cette communauté « presque blanche », se déroule une grande saga familiale avec des personnages attachants et bien campés.
Pour être honnête, j'ai un peu moins adhéré à l'histoire de la 2 e génération, celle des filles des jumelles et notamment au personnage de Kennedy, la blonde californienne un peu trop stéréotypée à mon goût .
Malgré ce petit bémol, un très bon roman qui vaut vraiment la peine d'être lu.
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