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Critique de Lamifranz


Les romans de Pierre Benoit (1886-1962) sont aisément reconnaissables : un cadre particulier (exotique de préférence, mais pas toujours, Mademoiselle de la Ferté, un de ses meilleurs romans, se passe en France), un héros jeune, beau, idéaliste et pas du tout préparé à ce qui l'attend, une héroïne belle et mystérieuse, dont le prénom commence par un A, qui est au coeur du drame, et une cascade de situations aventureuses, souvent dramatiques, rarement cocasses, qui, grâce à un bon style et à un rythme soutenu, font que le lecteur passe un bon moment. Pas de la très grande littérature (bien que Pierre Benoit fût De l'Académie Française), largement tout de même au-dessus de la littérature dite "de gare", somme toute de la belle ouvrage, ni plus, ni moins.
Et dans cette oeuvre abondante, quelques pépites, surtout les dix premières années : Koenigsmark (1918), L'Atlantide (1919), Pour Don Carlos (1920), le Lac salé (1921), La Chaussée des géants (1922), Mademoiselle de la Ferté (1923), La Châtelaine du Liban (1924), le Puits de Jacob (1925), le Roi lépreux (1927), Erromango (1929), le Soleil de minuit (1930)...
L'histoire de Koenigsmark commence et finit dans une tranchée, en 1914. le lieutenant Vignerte, avant de mourir au combat, confie à un ami la grande aventure qu'il a vécue l'année précédente à Lautenbourg, capitale du grand-duché de Lautenbourg-Detmold. Parti pour être le précepteur du prince héritier Joachim, il fait la connaissance du grand-duc Frédéric-Auguste, et surtout de la grande-duchesse Aurore, une femme ensorcelante et mystérieuse, dont il ne tarde pas à devenir amoureux. Au cours de recherches dans la bibliothèque grand-ducale, il met à jour un secret de famille concernant la mort du grand-duc précédent Rodolphe, premier mari d'Aurore et frère du grand-duc actuel Frédéric-Auguste, censé être mort accidentellement au Congo...
Tous les ingrédients sont réunis pour faire un excellent roman. Koenigsmark, d'ailleurs mêle plusieurs genres : roman policier, roman d'aventure, roman de mystère et roman d'amour. L'art de l'auteur consiste en la peinture d'une société d'avant-guerre révolue, dans un grand-duché d'opérette tout à fait imaginaire, mais rendu terriblement crédible par la description précise des lieux, l'évocation d'une ambiance particulière faite de mystère et de crainte latente, et aussi par le portrait de personnages inoubliables, à commencer par Aurore, archétype de la femme chez Pierre Benoit (pas très éloignée d'Antinéa, souveraine de L'Atlantide). La cour de Lautenbourg est aussi bien dessinée : le grand-duc hautain et désagréable, son fils, plutôt insignifiant, et les seconds rôles Hagen et Mélusine, machiavéliques à souhait.
C'était le premier roman de Pierre Benoit, un coup de maître ! Et un succès immédiat, qui ne s'est jamais démenti : on compte plusieurs adaptation au cinéma et à la télévision, dont quelques unes mémorables.

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