La vanité satisfaite était en train de balayer la méfiance.
La pensée de « Haute-Savane », dont il faisait si peu de cas il y a seulement quelques heures, traversa son esprit, l’illumina. Là était la vérité, là était le devoir, là était peut-être le bonheur.
Je n’ai pas choisi d’être mère. On me l’a imposé ! Aucun forçat n’aime son boulet.
Il existe pourtant de véritables hommes de Dieu. J’en connais au moins un... Des hommes qui nés riches et nobles se dépouillent entièrement au service des pauvres, ne gardant qu’à peine le nécessaire.
Un soldat de Dieu ne recule jamais devant le danger ou la menace.
La nuit est une sorcière féroce sur cette terre, mais le jour la fait toujours rentrer dans son trou.
Les hommes proposent et Dieu dispose.
Quand un fou rencontre encore plus fou que lui, il se doit à lui-même de lui venir en aide.
Les esclaves ont une religion sur laquelle les prêtres catholiques se cassent les dents et perdent le peu de latin qu’ils savent. Il est vrai que leur imagination ne va pas toujours très loin, mais quelques-uns ont pu s’apercevoir à leurs dépens qu’il n’était pas bon de combattre ouvertement les dieux du Vaudou.
Il allait devoir apprendre à aimer, non seulement le domaine qui était sien et qu’il aimait déjà, mais aussi cette terre tout entière. À ce prix seulement son amour lui serait rendu et l’île, peut-être, s’ouvrirait à lui comme une femme consentante, le laissant approcher les secrets redoutables cachés au fond de ses forêts denses, repaires des vieux dieux africains qu’avaient, sans en avoir conscience, apportés avec eux les navires négriers.