qu'un brin de fins cheveux
qu'un brin de fins cheveux frissonne
sur tes tempes
avec une légèreté dansée
et émouvante
comme au revers de l'un
son pluriel éparpillé
c'est maintenant
mains nouées à d'autres mains.
le sans porte
qu'une clique de bruits
et son trousseau de clés inutiles
cliquètent à nulle serrure
dans le sans porte
que comprendre se connaît comme un bras
plongé dans le brasier et la boue
que des fleurs d'hibiscus
que des fleurs d'hibiscus ondoient
en corolles capricieuses
dans une suspension sereine de l''esprit
élégance subtile et laquée
qu'un éclat de verre dans l'allée
fait miroiter la pluie
et le feuillage parme du prunus
avec une élégance subtile et laquée
que le mixeur des écrans
que le mixeur des écrans
malaxe pêle-mêle virus guerres migrants
et lamelle de lune dans un pli de nuage
faillites et supernovas likes et attentats
caddies de mangeaille
famine et fonte des glaces
rafales d'étourneaux opérations boursières
et dégueulis d'insultes internautiques
dans l'addition illimitée
d'un total soustrait de lui-même
en bannière de pagaille mondiale
dans l'effervescence de la lumière
que le compact des immeubles
se dilue dans le délié gracile de l'air tremblé
leurs blocs d'emprise et la nôtre dissouts
dans l'effervescence de la lumière
qu’un museau mi mulot mi belette
qu’un museau mi mulot mi belette
-proie et prédateur se ressemblant
étonnamment- glisse roux doux
sous les paupières dans le sommeil venant
que dans l’ombre inversée d’un T
d’architecte se profilent un gibet
une croix ou une dague de temps
tranchant des portions de vie crue
d’une inintelligible cruauté
qu’une mer dure
et sèche comme une claque
gifle le sable
sans même une obole d’éternité
à qui la contemple
c’est maintenant
mains prises au temps qui lui échappe
que le graphe d’une aile d’avion
que le graphe d’une aile d’avion
biffe de rails immatériels et floconneux
l’air solaire et surexposé
qu’il n’y aura ni divorce ni réconciliation
ni avant ni après
seulement hier et demain
dans leur gémellité disygote
…
que nos mains ouvrières manipulent
que nos mains ouvrières manipulent
manier manade manie et manœuvre
au jeu de pochette surprise de l’étymologie
son menu délire maniaque et inoffensif
d’entendre chaque mot
dans le grouillement fertile de ses radicelles
qu’entre horreur économique et
économie de l’horreur
hystérie identitaire et
universalisme dévoyé en domination
opulence sans justice et
droit-dans-le-mur du ravage de la terre
l’avenir se débat pris en tenaille
…