AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782362291418
112 pages
Editions Bruno Doucey (19/01/2017)
4.4/5   5 notes
Résumé :
« Il y a des choses que non ». C’est à cette phrase, prononcée par une grand-mère engagée dans la Résistance, que Claude Ber doit le titre de son livre. Sept textes s’y succèdent, travaillés à la limite de la prose et du vers, et habités par une même nécessité de dire non à l’inacceptable. De la Résistance évoquée dans Le livre, la table, la lampe, à la guerre d’Algérie, l’auteure interroge le présent et la mémoire des êtres qui lui ont opposé un refus à la barbarie... >Voir plus
Que lire après Il y a des choses que nonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Claude Ber est une voix majeure de la poésie contemporaine, son nouveau recueil 'Il y a des choses que non' vient de paraître aux éditions Bruno Doucey. Élevée dans une famille de résistants, elle demande un jour à sa grand-mère pourquoi elle s'était engagée dans la résistance "-Ma fille, répond-elle, il y a des choses que non." Parole simple et définitive que le poète brandit comme un avertissement pour notre époque. L'écriture de Claude Ber est dense et profonde, plus grave que dans ses précédents recueils, plus que jamais clairvoyante et confiante en la force de la parole. "Le vent se lève comme un livre,
Tu es l'aimé ou l'aimée le corps de mes mains. Et nous nous souvenons de caresses et de plénitude de la peau. Habitée. Bâtie. Fraisée sur le décisif de vivre.
Un horizon profond soudain
sa trouée. Une droite sur un plan d'architecte.
Le vent peut être une lumière. Et par instants nous aussi éclairer."
Lien : https://www.instagram.com/ch..
Commenter  J’apprécie          80
Je ne saurais rendre compte d'un recueil de poèmes en prose, aussi je ne fais que reproduire ci-après un extrait de ce recueil :

"(...) Mon espèce est une espèce qui détruit sa propre espèce.
Mon espèce s'extermine au nom du mal comme du bien, du passé comme de l'avenir de mon espèce. Mon espèce massacre mon espèce au nom de ses terres, de ses dieux, de son or, de ses croyances comme de ses incroyances.
Tout rentre tout fait ventre dans le carnage de mon espèce par mon espèce. Mon espèce est le meilleur auxiliaire de la mort et des souffrances de mon espèce. Mon espèce étripe mon espèce au nom de l'amour, de la liberté, de la justice, de la vérité et de tous les anciens et futurs paradis de l'espèce. (...)
Mon espèce tue et traite les autres espèces comme sa propre espèce. Mon espèce entasse les bêtes qu'elle mange dans des hangars où elles pourrissent vivantes et enferme dans des camps où ils pourrissent vivants les membres de son espèce. (...)
Qui sauvera mon espèce de mon espèce ? Une espèce qui se gorge de meurtres est une espèce condamnée à la non-éternité de son espèce. (...)
L'immensité de la prétention et de l'imbécillité de mon espèce est le seul infini accessible à mon espèce. (...)
Aimer son espèce est au-dessus des forces de mon espèce. (...)
Telle est mon espèce qu'elle pleure les victimes et les morts dont elle remplit l'histoire de mon espèce (...)"

Claude Ber a notre âge. Elle est agrégée de philosophie et de lettres modernes.

Vous pouvez entendre, dit par Claude Ber elle-même, la Célébration de l'espèce via le lien ci-dessous.
Lien : https://business.facebook.co..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Comment peut-on célébrer une espèce aussi nuisible que mon espèce? Une espèce oublieuse et avide qui se soumet aux pires de l'espèce et anéantit les meilleurs de son espèce pour ensuite les célébrer.
Car mon espèce se rachète et achète son humanité en célébrant les victimes de mon espèce et les tessons de lumières qui éclairent la nuit de mon espèce servent de pardon à la cruauté de mon espèce.
Il faut être une espèce décervelée comme l'est mon espèce pour croire qu'un dieu tout-puissant puisse absoudre ses crimes contre son espèce. Il faut être déboussolé comme l'est mon espèce pour imaginer qu'un quelconque infini puisse ressembler à celui qu'invente à son image la sauvagerie de mon espèce.
Car mon espèce se sert de ses dieux pour mettre à mort les membres de son espèce. Mon espèce peut louer le créateur de toute espèce puis au sortir de ses prières crucifier, lapider, égorger en son nom d'autres membres de mon espèce.
Comment croire aux dieux de mon espèce qui sont des dieux déféqués par la cervelle détraquée de mon espèce?
La fente d'infini qui traverse le nom de dieu dans mon espèce est ramenée à la mesure de la porcherie de mon espèce. Et aucun dieu ne peut ressusciter l'âme de mon espèce assassinée par mon espèce.


IL Y A DES CHOSES QUE NON - Célébration de l'espèce
Commenter  J’apprécie          130
Mon espèce ravage mon espèce au nom de l'humanité comme de l'inhumanité de mon espèce. Mon espèce pollue ce qu'elle invente de plus sacré dans le fumier de mon espèce.
Et mon espèce tue et traite les autres espèces comme sa propre espèce. Mon espèce entasse les bêtes qu'elle mange dans des hangars où elles pourrissent vivantes et enferme dans des camps où ils pourrissent vivants les membres de son espèce. Mon espèce viole les femmes et les enfants de son espèce. Mon espèce pend, fusille, bombarde, gaze, démembre, écorche, poignarde les hommes, les femmes et les enfants de son espèce.
Ainsi est mon espèce plus sanguinaire et malfaisante que toute espèce.

IL Y A DES CHOSES QUE NON - Célébration de l'espèce
Commenter  J’apprécie          110
Comme tous ceux de mon espèce, je voudrais célébrer mon espèce. Car mon espèce célèbre le tout du tout de mon espèce.
Mon espèce célèbre le bonheur et la peine de son espèce, la douleur et la jouissance de son espèce. Mon espèce célèbre la naissance, la mort, les âges, les séparations, les retrouvailles de son espèce. Mon espèce célèbre la joie, l'extase, la souffrance, la folie, l'horreur, les crimes de mon espèce. Mon espèce célèbre les saints, les artistes, les poètes, les savants, les sages, les héros, les rois, les prophètes, les faux prophètes, les bourreaux, les martyrs, les tyrans, les criminels de mon espèce.
Ainsi est mon espèce qu'elle célèbre le n'importe-quoi de son espèce qui se réjouit autant de la vie que de la mort de son espèce.


IL Y A DES CHOSES QUE NON - Célébration de l'espèce
Commenter  J’apprécie          90
Je marche dans un début de siècle pâle, ses exactions, son bruitage de paroles impuissantes, ses délires ressuscités.
Regardant des jambes jeunes lever leurs mollets, je vais sans savoir ce qu'il en est ni ce que nous sommes, vers le disparu d'une aube, où aurait lieu un banquet, une fête, un jour de délices et de fables,
qui se défait dans l'innombrable des pupilles
allant à nous par le mystère
au sens dans l'insensé
dans les dédales de l'histoire
sa guirlande de désirs et de drames comme sous l'auvent
d'une boutique de foire
une attente interminable
et son debout de cuisses lasses.

IL Y A DES CHOSES QUE NON - Je marche
Commenter  J’apprécie          60
Je marche à côté d'un enfant privé d'enfance, d'une femme drapée d'un sari, d'un passant pressé, sa tête petite loin des pieds vers lesquels il penche un regard désorienté et doux, dans le bruit de nos pas, le mêlé de nos destins chargés de ressemblance.

IL Y A DES CHOSES QUE NON - Je marche
Commenter  J’apprécie          120

Video de Claude Ber (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Ber
Epître langue louve, de et par Claude Ber.
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}