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Citations sur Les ombres (19)

Je contemple un barbu et son épouse aux cheveux invisibles. L’islam… Tout le danger semble venir de là, mais moi je sais… Y a pas que l’islam dans la vie, y a aussi la lassitude, le vide, l’absence de tout. Pour moi, tout le monde est suspect parce que c’est mon boulot. Paranoïaque est ma fonction, gardien de vie ma conviction. En fait, je vous protège ; je veille sur votre existence, qui n’en est plus vraiment une depuis que le progrès a largué tous ses freins.
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Ce soir, la rame est bondée, comme tous les soirs ; c’est l’heure de pointe parisienne et plus ça va, moins je supporte. On est tous debout, on sent mauvais. On est humides parce que dehors, il pleut. Une pluie chaude et grasse, chargée de rejets nauséabonds. On se marche sur les pieds, on est tristes et en colère. On a fini par comprendre que la vie se fiche de notre gueule. Maman, maman, où sont passés mon innocence d’enfant et mes rêves d’ado, quand les horizons étaient roses et l’avenir radieux ? Les gens sont là, las et fatigués, mécaniques et déçus. Lequel d’entre eux sera assez désespéré pour actionner le bouton et faire exploser son sac bourré de saloperies ?
À moins que je ne l’attrape d’abord.
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Koala adorait les grandes surfaces. On y est anonyme. On y voit plus malheureux que soi. Des qui comptent encore plus leurs maigres sous, des qui hésitent en rêvant devant les grandes marques avant de choisir celle du magasin, la pauvre discount super exceptionnelle de la semaine avec deux cents grammes en plus gratuits. On effleure du doigt le rêve, on a l’impression qu’il y aura toujours de tout. De trop. Les étiquettes vous narguent, on vous pousse à acheter, à gaspiller, à faire n’importe quoi ; c’est un lent suicide collectif. Il se surprend à vraiment sourire. Suicide collectif… Il rit tout seul. Il va les aider, lui. Mais avant ça, il faut encore passer chez GO Sport et à la pharmacie pour les derniers éléments de la bombe. Ça y est presque : le caddie est rempli de quoi faire sauter tout un quartier. Fruits et légumes exceptés, bien entendu. Koala adorait les grandes surfaces. On y trouve de tout. Et bientôt, il est l’heure de mourir.
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Sur le parking, il fait doux. Septembre se donne des airs d’été indien malgré la pluie fine. Koala s’arrête au bout de quelques pas entre deux rangées de voitures et respire profondément… L’un de ses derniers souffles. Il se retourne pour contempler le centre commercial dans son ensemble. Le même que partout ailleurs, sauf qu’ici ils ont planté des eucalyptus dans l’allée principale. À vingt minutes de Paris ! Il arrache une feuille et la fourre dans sa poche de pantalon. Après tout, c’est ici qu’il a eu l’idée de son pseudo animalier.
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La mémère à la caisse lui sourit. Elle est du genre à passer son samedi chez le coiffeur pour en ressortir encore plus moche et plus maquillée qu’une voiture de footballeur fan de tuning.
– Eh bé, du désherbant et du fertilisant en même temps ? Vos plantations vont pas s’y r’trouver, hein ?
Il hausse les épaules parce qu’il faut bien répondre quelque chose. Mémère prend ça pour un encouragement.
– Et puis, vous trompez pas de sel en cuisine, hein ? Si vous mettez du potassium, moi je viens pas dîner chez vous. C’est qu’à force de voir les produits défiler, je m’y connais, moi, tiens !
Elle lui fait un clin d’oeil et rigole toute seule. Elle est contente. La seule caissière de l’allée qui ne fasse pas la gueule. Koala cherche une réponse mais rien ne vient. Il a perdu l’habitude de parler. Et l’envie aussi. Alors il soupire en grimaçant un semblant de sourire et paye rapidement pour sortir des griffes de la grosse rigolote. Ne jamais se faire remarquer, c’est ce qu’ils conseillent. Pourvu que la caissière ne soit pas une indic. Non, pas de parano ; rester calme. Les caissières ne reçoivent aucune consigne des policiers. On n’est pas chez les Soviets. Mémère est juste un de ces êtres solitaires en quête de chaleur humaine… Mais l’homme se sent glacial. Un jour, il y a longtemps, il a fait du bénévolat dans l’humanitaire ; il avait envie (besoin) d’aider plus malheureux que lui, et puis… quand il a rencontré les autres, ils lui ont fait comprendre qu’on n’y pouvait plus rien ; qu’il valait mieux effacer l’ardoise pour tout redessiner.
– Et puis, vous trompez pas de sel en cuisine, hein ? Si vous mettez du potassium, moi je viens pas dîner chez vous. C’est qu’à force de voir les produits défiler, je m’y connais, moi, tiens !
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Elle lui fait un clin d’oeil et rigole toute seule. Elle est contente. La seule caissière de l’allée qui ne fasse pas la gueule. Koala cherche une réponse mais rien ne vient. Il a perdu l’habitude de parler. Et l’envie aussi. Alors il soupire en grimaçant un semblant de sourire et paye rapidement pour sortir des griffes de la grosse rigolote. Ne jamais se faire remarquer, c’est ce qu’ils conseillent. Pourvu que la caissière ne soit pas une indic. Non, pas de parano ; rester calme. Les caissières ne reçoivent aucune consigne des policiers. On n’est pas chez les Soviets. Mémère est juste un de ces êtres solitaires en quête de chaleur humaine… Mais l’homme se sent glacial. Un jour, il y a longtemps, il a fait du bénévolat dans l’humanitaire ; il avait envie (besoin) d’aider plus malheureux que lui, et puis… quand il a rencontré les autres, ils lui ont fait comprendre qu’on n’y pouvait plus rien ; qu’il valait mieux effacer l’ardoise pour tout redessiner.
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18 heures 30. Koala, le grand homme maigre, adore les grandes surfaces. On y trouve de tout. D’un regard, il embrasse son caddie : bananes, pommes golden, abricots secs, mâche sous vide, acide chlorhydrique, pommes de terre, poireaux, carottes, acétone, eau minérale, une bouteille de vinaigre de vin, du lait, du bicarbonate de soude, un peu de désherbant et du fertilisant, une boîte de Kiri, du chlore pour la piscine, du sel de potassium et du sel de table…
La mémère à la caisse lui sourit. Elle est du genre à passer son samedi chez le coiffeur pour en ressortir encore plus moche et plus maquillée qu’une voiture de footballeur fan de tuning.
– Eh bé, du désherbant et du fertilisant en même temps ? Vos plantations vont pas s’y r’trouver, hein ?
Il hausse les épaules parce qu’il faut bien répondre quelque chose. Mémère prend ça pour un encouragement.
– Et puis, vous trompez pas de sel en cuisine, hein ? Si vous mettez du potassium, moi je viens pas dîner chez vous. C’est qu’à force de voir les produits défiler, je m’y connais, moi, tiens !
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Nous passons notre temps à mater le quotidien des gens, à noter leurs défauts, à grignoter leurs pauvres tranches de vie, en oubliant la notre.
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S’ils savaient qu’on trouve tout le nécessaire pour fabriquer une bombe dans une grande surface… Je me dis qu’il faudrait mettre des mouchards dans les caisses et repérer les achats suspects ou donner des consignes aux caissières. J’en parlerai lors d’une prochaine réunion. Les chefs prendront l’air inspiré en se demandant comment piquer l’idée si elle est bonne, et mes collègues me traiteront de lèchebottes. Ouais… J’en parlerai un de ces quatre. Ou pas.
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