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Critique de chartel


Ma lecture récente de "Sous le soleil de Satan" m'a amené à m'interroger sur les nombreuses contradictions soulevées par Bernanos en ce qui concerne la lucidité et la clairvoyance d'une pensée telle que la sienne d'une part et son attachement à l'église catholique et à ses textes canoniques d'autre part. En effet, comment pouvait-on être aussi historiquement avisé sur la construction des dogmes religieux et en même temps se cramponner à une vérité donnée, présentée comme indiscutable et souveraine ?
Une partie du paradoxe se dévoile dans "Sous le soleil de Satan", à travers les doutes sur la foi du jeune prêtre, personnage central de ce roman. le mystère s'éclaircit encore plus à la lecture de "Les grands cimetières sous la lune", essai composé à Majorque sous les feux de la guerre civile espagnole en 1938. Bernanos n'y traite pas seulement de l'énigme de la Foi, mais surtout de son absence de plus en plus criante et dramatique. Si le soleil est peut-être la marque de la divinité, qu'elle soit bienfaisante ou, comme dans le célèbre roman de Bernanos, malfaisante, la lune serait alors la marque des êtres humains, inconstants et versatiles. Cette lune couvre de ses rayons étouffés les carnages et la folie des hommes, massacrant à tout va au nom de Dieu. Sous la forme de l'interpellation, Bernanos fustige les ecclésiastiques, les hommes de Dieu, les professionnels de la religion chrétienne, les moralistes, mais aussi les bourreaux droitistes, les assoiffés de sang qui n'hésitent pas à se couvrir du blanc-seing de l'Eglise pour justifier leur désir de mort. Cet écrivain conservateur et monarchiste s'oppose alors ouvertement à Franco, aux fascistes et à leurs fervents défenseurs en France, annonçant, avec intuition, le chaos vers lequel l'Europe se jette insensément et rageusement. Pour Bernanos, la fin de Dieu, annoncée par Nietzsche, se double d'une abdication et d'un dévoiement de ses représentants sur Terre. L'Eglise catholique a affirmé et confirmé par son soutien à Franco que Dieu n'existait plus pour les hommes.
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