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Citations sur Le bon sens (20)

Tout le monde avait oublié. A Charles VII, au moment du procès en révision, il [Dunois] avait conseillé de témoigner devant les commissaires, comme les plus humbles de ses sujets. Le grand livre de l'histoire était ouvert, le souverain servirait la grandeur du royaume en mêlant sa voix à celle de son peuple. Saint Louis aurait agi ainsi. Le roi avait réfléchi un instant, puis avait avoué que l'essentiel, ce qu'elle lui avait dit lors de leur première rencontre dans la grande salle du château de Chinon, il ne s'en souvenait plus. Il avait ajouté que, pourtant, certains jours, la manière dont elle l'avait dit, son accent de l'Est si marqué, son enthousiasme, la précision de ses mots et le flux rythmé de son discours, lui revenaient par bouffées. C'était une joie, et il se sentait alors comme soulevé au-dessus de lui-même. Une sorte de force, qui était en elle, passait en lui. Elle avait ce don de parole, très différent de l'éloquence des clercs. A cause de ce parler lourd, traînant, ce qu'elle disait semblait monter du plus profond du pays, de la terre, du coeur du langage commun, du français lui-même. Il s'était rendu compte qu'avec cette fille qui lui était étrangère en tous points, il partageait des mots qui pour eux deux, l'un roi, né et grandi à Paris en bord de Seine, l'autre paysanne, originaire d'un petit village en bord de Meuse, désignaient et exprimaient les mêmes choses.
p. 186
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C'était cela qu'il avait entendu en 1429, cette fraîcheur native du français qui décapait les mots d'une croûte menteuse à force d'usages contrefaits, de ruses et de calculs, et leur rendait sens, le bon sens.
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Charles VII n’était pas venu à Rouen pour assister à la proclamation de l’arrêt annulant la condamnation de Jeanne, fille de Jacques d’Arc et d’Isabelle Rommée , par l’archevêque de Reims, dans le palais archiépiscopal, le matin du 7 juillet 1456. Quel geste pour l’histoire s’il avait écouté ce qu’on lui conseillait. Jusqu’au bout, il fut un petit homme dans un grand roi.
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Son frère, Louis, avec une centaine d’hommes d’armes, quelques archers et les molosses qui montaient la garde aux créneaux, avait vaillamment défendu le Mont-Saint-Michel contre les Anglais pendant dix huit années. Jamais, grâce à ce capitaine normand intraitable et à quelques autres, la prière du sublime rocher ne s’était élevée vers Dieu dans une autre langue que le latin ou le français
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L’absence de coopération du haut clergé de Rouen ne le surprit aucunement. Pour contraindre ses responsables à livrer leur témoignage il eût fallu une intervention directe et personnelle du roi lui-même auprès d’eux. Ces premières informations, bien qu’inabouties, révélaient suffisamment la forte implication de l’Université de Paris dans la condamnation de la Pucelle. Elle indiquait aussi que beaucoup de ses responsables étaient toujours en activité et occupaient les fonctions élevées dans la hiérarchie de l’église. La mort de Cauchon masquait une réalité de l’accélération subite des temps dissimulait ; beaucoup d’hommes clés du procès étaient encore vivants et décidés à défendre leur position actuelle en même temps que leurs actions passées.
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Le génie de l’artiste n’était pas surestimé. La ressemblance était parfaite. Sa blondeur, l’éblouissante pureté de sa peau blanche, le brillant de ses yeux bleus, ses lèvres délicatement renflées au dessin parfait, jusqu’à la palpitation de l’air autour d’elle étaient admirables. Il n’avait jamais vu une aussi belle peinture. Il aurait presque regretté de ne pouvoir l’exposer à l’admiration générale. Mais si d’aventure il en avait eu l’intention, ce qu’il voyait l’aurait interdit. Jean Fouquet avait représenté Agnès le corsage délacé, le sein gauche entièrement dégagé.
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l avait quitté sa maîtresse enceinte ; elle devait être maintenant dans le septième mois de sa grossesse. C’était folie d’avoir entrepris ce long voyage dans cet état et en plein hiver, si humide et quinteux en Normandie. Il était malgré tout heureux de la revoir. Il avait regretté quelle ne fût pas à ses côtés dans Rouen. Elle était sa maîtresse depuis sept ans, pourtant son charme continuait d’agir. Elle lui manquait. La liaison avait commencé à Toulouse, en février 1443, après qu’il avait remarqué cette blonde de dix neuf ans à l’extraordinaire beauté parmi les suivantes d’Isabelle de Lorraine, épouse de René II, duc d’Anjou. Elle avait maintenant trois enfants de lui, ce serait le quatrième . Dès qu’elle fut rassurée de ses sentiments, elle l’encouragea à poursuivre la reconquête. En riant, elle menaçait de se refuser à lui s’il réservait sa vaillance à leur couche.
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Sur tous s’étendait la généreuse amnistie royale. On le croyait. Son armée était précédée d’une réputation favorable. Depuis qu’elle avait été réorganisée en force permanente, régulièrement rémunérée, sa tenue faisait contraste avec les mauvaises habitudes des Anglais. Les mangeurs de viande bouillie continuaient d’être rétribués par le pillage. Disciplinés au combat, ils se comportaient en soudards le reste du temps. Par précaution, Dunois avait quand même laissé le gros de l’armée hors les murs. Les éléments qui défilaient avait été choisi pour leur mérite, une grande partie était les Écossais, les préféré du roi. Il y avait aussi des mercenaires italiens. Des hommes d’armes fermaient la marche derrière la bannière royale où, sur fond de satin cramoisi, on voyait Saint-Michel, le soleil et les étoiles. Tous, gens et bêtes, marchaient vers la cathédrale.
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Jeanne avait eu la cuisse transpercé d’un trait d’arbalète dans l’assaut raté du 8 septembre 1429. L’arbalétrier était un soldat de Jean Villiers de l’Isle-Adam, capitaine bourguignon réputé pour sa propension aux tueries, viols et rapines. Il trottait maintenant à ses côtés. Après un service funèbre à la mémoire de son père dans l’église Saint-Martin des Champs, Charles VII avait solennellement répété le serment des rois de France au retour du sacre, sous la flèche de la cathédrale Notre-Dame bondée.
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Trois jours avant, mercredi 9 mai, deux bourreaux avaient présenté à l’accusé les instruments de torture, la roue, les chaînes, les pinces, dans une salle basse du donjon du château. En la terrorisant, on voulait lui faire avouer ce qu’elle taisait obstinément, les révélations reçues à Domrémy. Elle avait tenu bon, ce qui avait beaucoup impressionné les assistants. Plus tard, après réflexion et hors sa présence, avait été débattue et mise aux voies l’opportunité de la soumettre effectivement à la torture. C’était assez rare, surtout pour une femme, pucelle par surcroît.
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