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Critique de fanfanouche24


Acquis en 2021- repris fin juin 2023

Lecture des plus captivantes nous faisant vivre la genèse complète d'une oeuvre d'art , du désir d'un commanditaire à sa naissance...avec tous les aléas, doutes, obstacles causés par l'artiste ou par les partenaires- mécènes...et divers intermédiaires, dont le très précieux " Fondeur"...en fin de parcours !

Pour cet incroyable groupe des
" Bourgeois de Calais " , il aura fallu 10 longues années, pour ne pas dire " interminables " pour le commanditaire de l'Oeuvre : le maire de Calais, Omer Dewavrin...

Ayant toujours et définitivement " les yeux plus gros que le ventre", J'avais choisi ce roman à sa parution, et injustement l'ai abandonné...cette fois, je l'ai repris remplie d'une motivation chargée à bloc, venant de redécouvrir le Musée Rodin...Ai ainsi pu contemplé à nouveau ces " Bourgeois de Calais" fort bien exposé dans le parc.( admiré aussi il y a longtemps dans sa ville calaisienne!)


À peine rentrée, je me suis précipitée sur le texte de Michel Bernard, qui nous retrace très précisément, avec force conviction et enthousiasme l'"Épopée", veritablement, qui dura 10 années avant que le projet réalisé soit officiellement inauguré dans la ville de Calais !

Récit à moult rebondissements...

Michel Bernard nous entraîne acec lui...au long de ses dix années , dans la complexe entreprise de la réalisation d'une commande publique faite à un artiste sur un sujet donné : du choix délicat du candidat idéal, à la présentation d'une maquette préparatoire, à la persuasion délicate de tous les élus et partenaires financiers, sans omettre ensuite les exigences, caprices, retards, doutes, reports de l'artiste lui-même !!?

Nous ne pouvons donc être qu'infiniment reconnaissants à la détermination sans faille et à la patience inégalée de " notre" maire- notaire, Omer Dewavrin, qui en a fait le projet d'une vie...

Incroyable personnage qui pourrait pu paraître
" falot" de par sa fonction peu palpitante de
" notaire", dont il s'est d'ailleurs lassé au fil des années...
Omer D. se révèle de surcroît un maire bienveillant et énergique ; les Calaisiens le solliciteront d'ailleurs
( alors qu'il s'était retiré) pour un assurer un mandat supplémentaire, afin de faire face à une situation alarmante d'épidémie de choléra...Ce qu'il parviendra à résoudre énergiquement tout en ne perdant pas de vue l'avancée du monument de Rodin, qui avec ce énième contretemps tragique...finira par être inauguré avec succès !

Ce fonctionnaire, en plus de ses compétences d'élu, se dévoile également, avec bonheur être un homme de goût ,un esprit éclairé...avec ses audaces et sa conviction quasi- immédiate que Rodin est l'Artiste avec lequel il se sent en résonance ; ce qui est d'autant plus audacieux , que Rodin est loin encore , de faire l'unanimité....

À tel point, que l'auteur décrit une scène hilarante : À la présentation première de " son groupe de bourgeois " aux élus calaisiens, les compliments ne font que fuser.D'abord euphorique de cet accueil, l'artiste rentre à Paris...et là...Patatras...il déprime, remet tout en question et se dit que quelque chose
" cloche"vraiment...Pas une critique: cela doit signifier que c'est trop conventionnel ou plat , ou il ne sait ??!
Toutes ses sculptures ont provoqué " critiques, polémiques..."et parfois plus...Alors, tout va décidément trop bien...

Ainsi, Rodin repensera très différemment " ses Bourgeois "....et là, l'artiste sera rassuré ; les critiques et les remarques de rejet abonderont....ce Cher Omer devra batailler encore et encore..Il aura heureusement beaucoup d'opiniâtreté et
d' arguments pour tenter de convaincre ses interlocuteurs, afin que le projet, devenu " obsession de sa vie" ne soit surtout pas abandonné !

"Les attitudes des six Bourgeois étaient jugées trop consternées, trop désespérées, trop misérables, pas assez fières, pas assez altières, pas assez héroïques en somme.

(...) Mais c'était parce qu'ils avaient essayé de comprendre sur-le- champ, de raisonner sur ce que leurs yeux leur montraient, qu'ils avaient cherché le sens de l'oeuvre avant de la laisser agir sur eux, qu'ils passaient à côté. Il fallait s'abandonner, se laisser charmer par l'harmonie du groupe, son mouvement, cette chanson de gestes. (...)
Oui, si on regardait vraiment, si on laissait ses yeux se rassasier de ce qui était devant eux, la vie était là : un désordre et une harmonie. "

Une lecture irrésistible qui m'a appris de multiples choses sur l' incroyable " parcours du combattant" que représente la concrétisation d'une oeuvre artistique pour " une commande publique "...

Un style fluide, agréable, tellement " partie
prenante "qu'on est " embarqué " dans l'aventure, sans s'en rendre compte ! Bravo et Merci au talent de Michel Bernard.

J'achève ce billet par un extrait fort émouvant concernant le succès et le brillant destin de ce groupe sculpté , unique en son genre :

"Au roi De Belgique qui venait d'acquérir un exemplaire du groupe pour son Musée à Bruxelles, Rodin avait recommandé de le surélever le moins possible. Celui présenté dans les collections du Musée royal de Copenhague depuis deux ans était à la hauteur du public, conformément à son souhait, et produisait le meilleur effet.Des institutions ou des mécènes d'autres pays désiraient aussi en faire l'acquisition. C'était flatteur pour lui, pour l'art français, mais il veillait à ce que la reproduction soit exceptionnelle. " Les Bourgeois " ne pouvaient être un objet manufacturé de luxe.Il était surpris du succès international d'une oeuvre commandée par une petite ville française pour célébrer à l'endroit où il avait eu lieu un événement local. En tout cas, Omer Dewavrin serait content et fier de voir ses " Bourgeois " peupler le monde."

** In- fine , extraits de la Correspondance entre le maire de Calais et Rodin ; Correspondance sur laquelle l'écrivain s'est appuyé avec brio pour la composition de ce roman si bien documenté ...Il me reste à corriger un dernier grand retard: la lecture des " Deux remords de Monet"...













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