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Critique de SBys


SBys
15 février 2017
Vrai ou faux. Il est difficile de distinguer le vrai du faux dans le récit que raconte l'amoureuse du sculpteur, follement amoureuse. C'est compliqué dans de pareilles situations désespérées, d'amour-haine, où l'admiration touche à la domination. Je ne crois pas que la question soit seulement la perte de soi, ou de « devenir personne ». L'intérêt du livre de Violaine Bérot repose sur le franchissement des limites. Sur le moment où une histoire d'amour intense devient mal saine, toxique, destructrice. À quel moment? Est-ce irréversible?

La première partie, c'est la fuite. On suit le dialogue intérieur de cette dame qui hésite entre condamner le sculpteur ou à le supplier de la laisser l'aimer. C'est un monologue d'incertitude. Cette partie sonne à plusieurs moments faux, l'image du sculpteur parait caricaturale. On comprend soudain que cette dame tente elle-même de se convaincre qu'elle est une victime. Elle n'en sera d'ailleurs jamais complètement convaincue. Si elle ne se faisait que des histoires ! Peut-être qu'il l'aime au fond, à sa façon qu'elle se dit. Elle n'est plus sûre de rien. Ses pensées passent du noir au blanc, du jour à la nuit, de la vie à la mort. Toujours en opposition. Ses pensées passent de l'un à l'autre, sans transition, dans une bagarre incessante et fatigante qui la brise en petits morceaux, à petit feu. La détache peu à peu de la réalité.

La deuxième partie (et troisième) se lit d'un souffle avec une douceur incomparable. La narratrice se trouve sur la limite, à la fois soumise et dévouée, prête à basculer, cette fois dans un ailleurs où il ne lui sera plus possible de revenir. Elle acquiert une sensibilité extrême, elle est sur la corde raide. Un jour est livré une pièce de bois à l'atelier, pour le sculpteur, il est absent, elle doit s'occuper de sa réception. Elle voit dans le pauvre tronc d'arbre la femme qui y sera sculptée, avec exactitude. Elle la voit, c'est certain, elle est presque capable de la sentir respirer, de lui parler.

Cette narratrice ne « devient pas personne », elle devient un mythe, l'amoureuse nue, sous la lune.
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