Nue, sous la lune est un court roman d'environ 120 pages, qui frappe droit au coeur. Nous ne savons que peu de choses de la narratrice et de son environnement (aucun nom propre, une vague idée d'une maison dans la montagne) et pourtant, elle nous dit tout de la violence conjugale.
Quand on ouvre le roman, la femme est partie, elle fuit un homme violent. À bord de sa petite voiture rouge, elle pense à sa survie. Sur la banquette arrière, celles qu'elle nomme ses « parleuses », des femmes qu'elle a sculptées dans le bois. Car elle est sculptrice, celle qui aujourd'hui n'a plus l'impression d'exister. Elle vit, (vivait ?), avec un sculpteur reconnu, et elle qui était talentueuse et ambitieuse ne vit plus que pour la réalisation de son oeuvre à lui. Plusieurs passages du roman racontent cet art avec une grande beauté.
Les paragraphes sont brefs et introspectifs : la fuite, le récit de la vie conjugale. La narratrice les évoque en s'adressant directement à l'homme qui la maltraite. L'écriture est fine,
Violaine Bérot va à l'essentiel avec une délicatesse brute. Nous retenons notre souffle, espérant que la narratrice trouvera la force nécessaire pour ne pas se retourner sur les kilomètres qu'elle a parcourus. Je me suis sentie très oppressée lors de ma lecture, aussi bien par le sujet que par les phrases très ponctuées.
J'ai été surprise de la tournure du récit qui révèle toute l'emprise psychologique qu'a l'homme sur la narratrice. Moi qui pensais lire l'histoire d'une reconstruction, j'ai été confronté à un livre montrant la chute après le point de rupture.
Violaine Bérot donne à voir ce qu'il se passe quand le corps et l'âme sont brisés, quand l'on ne s'appartient plus. La narratrice et son chemin de pensée m'ont bouleversée.
Pour sûr, je lirai d'autres écrits de
Violaine Bérot dont la plume m'a conquise. Je ne peux que vous recommander ce roman qui a été un coup de coeur.
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