Citations sur Apocalypse blues, tome 2 : Le crépuscule du monde (16)
Ce monde va me tuer d'un jour à l'autre, et quand ça arrivera il n'y aura rien que je puisse faire pour l'arrêter.
Les mecs trop serviables ça me fout la gerbe parce qu'ils sont jamais vraiment serviables, juste intéressés par un truc. Ne pas savoir ce que c'est, c'est comme perdre de vue une araignée alors que t'es sur les chiottes.
Moi je ne dors pas. Je ne peux pas. Je n'ai pas peur du noir, jamais. J'ai peur de ce qui se passe dans ma tête quand il fait noir, quand on arrête d'avancer et que plus personne ne dit rien. Quand je suis seul avec moi-même et mes souvenirs.
Charly se met à taper en rythme sur ses cuisses comme un crétin, mais ça sonne assez cool et ça défoule alors je continue, et au refrain suivant il chante avec moi, et à celui d’après Kiran nous suit et on est debout, on tourne autour du feu comme une tribu d’Indiens demeurés, en explosant les plaques de glace à coups de pied. Les loups hurlent, Tobias hurle, Camille hurle pour l’imiter, ça fait cacophonie sans nom. Mais ça défoule.
On a bousillé cette planète, cette inondation sans fin, cette invasion de moustiques, cet été si long, c'est le retour de bâton. On sait qu'on va dans le mur depuis si longtemps, et on n'a pas bougé, on a juste attendu que ça arrive... Je suis désolé. On aurait dû mieux préparer le monde dans lequel tu es né, pour toi.
On est si minutieux quand on prépare la chambre d'un enfant à naître, comme s'il allait y vivre pour toujours. On en oublie qu'avant de le mettre dans sa chambre, on le met au monde.
On va se rattraper, c'est promis. On ira vivre à la campagne, on triera nos déchets, on mettra des panneaux solaires sur le toit. On fera attention, à partir de maintenant, c'est promis.
Je me laisse tomber sur le dos, la tête contre mon sac, en réprimant un grognement. J'ai le cœur dans la gorge, si j'essaie de parler je vais le cracher dans mes mains. Je veux pas en parler, pourquoi c'est si dur à comprendre ?