Comme beaucoup, je pense, c'est la mention très élogieuse du "Gaspard de la nuit" par
Baudelaire, dans la préface de ses poèmes en prose, qui me poussa à acheter le recueil (Edition Poche-Club 1965 , avec des lettres du sculpteur David d'Angers, qui raconte les derniers jours du poète). Dès ma première lecture , je fus enthousiasmé. Prenons "Le maçon".
Tout en haut de l'église, au-dessus de la mêlée, gai comme un pinson , sa truelle à la main, il chantonne et observe. Son oeil agit comme une caméra: panoramique sur ce qui l'entoure, puis plongée et zoom sur des plans de plus en plus éloignés. Un zoom, oui, car il décrit les détails du chapeau d'un soudard.
La présence du soldat permet au texte de basculer dans le tragique, qui n'est que suggéré: à l'horizon, le village incendié par les reîtres sous-entend pillages, exactions, meurtres, viols, toutes les horreurs des guerres de l'époque -et hélas, de celles d'aujourd'hui.
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