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EAN : 9782903721237
84 pages
Lettres vives (01/11/1986)
4.25/5   40 notes
Résumé :

Les grandes décisions se prennent dès l'enfance, celles qui orientent le cours des astres et l'allure des songes. Elles naissent de tout et de rien. Elles naissent de l'indigence soudainement révélée du tout de la vie. À sept ans, l'âme est déjà menée à son terme, enroulée sur sa propre absence, comme des pétales d'une rose, amoureusement repliés sur le vide en leur centre. Cette ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Qu'est-ce donc que la vie ordinaire, celle où nous sommes sans y être ? C'est une langue sans désir, un temps sans merveille. C'est une chose douce comme le mensonge."


Dans ces quelques pages, Christian Bobin invite à une approche de l'identité - la construction d'un être dans sa personnalité propre -, de l'intime et une invitation à considérer la beauté, dans ce qui nous entoure et ce qui la définit.

Un texte poétique que celui-ci, écrit comme un monologue méditatif dans lequel l'écrivain se livre sur ses moments de désarroi dans l'écriture qu'il parvient toujours, cependant, à transformer en moments d'enrichissement, en moments suspendus au cours desquels l'attention se fait plus vive, la perception plus subtile et plus intense.
Il partagera alors, à l'occasion, à travers les mots, ces moments "enrichis".

"Ce n'est jamais en vain que l'on cède à cette beauté élémentaire qui saisit l'âme dans la spirale d'une étoile, d'un insecte ou de n'importe quelle chose au monde : une telle certitude apaise les heures où je n'écris pas, comme celles où j'écris."

Et des confidences, c'est bien ce qui nous est consenti au fil des phrases, des pensées teintées d'intime, une flânerie aux côtés de l'écrivain à ouvrir les yeux sur une nature tout en simplicité dont il nous donne à voir ce qu'on oublie souvent de remarquer, sur des toiles de peintres connus ou anonymes et plus particulièrement à imaginer leur regard qui se pose sur les objets ou les paysages qui les incitent à créer, sur la lecture ralentie du passage particulier d'un texte, d'un livre lu et relu.
Un regard sur la beauté qui nous entoure et que nous ignorons et aussi une réflexion sur l'âpreté d'une vie - son épanouissement éphémère, le peu de remèdes dont nous disposons pour apaiser les échardes qui s'y glissent, sur l'état préservé de l'enfance et pourtant son intime clairvoyance, sur le silence, la solitude, la mort, compagnons qui jalonnent l'existence et lui imposent son rythme, une vie comme un tapis d'herbes foulées à l'aube, dans la rosée, comme les pages tournées d'un livre à la recherche d'un paragraphe, miroir de l'état d'âme du moment, comme les lettres écrites à un être cher...

Et finalement, les mots importent peu, ils ne restitueront jamais assez toute la beauté et la délicatesse qui ont été, l'espace d'un bref instant, approchées.


C'est un très beau texte que celui-ci, à relire, en ouvrant les pages au hasard, pour s'en imprégner, peut-être pas le livre à choisir pour découvrir l'oeuvre de l'écrivain, cependant, parce que pas le plus limpide de ses écrits.


"C'est dans l'espérance de telles choses que je vis, et c'est sous cette lumière que j'écris, goûtant à la beauté des jours qui s'en vont."
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C'est toujours un peu étrange de se plonger dans une oeuvre de Christian Bobin. Je le fais toujours avant tout parce que je sais que je serai enchantée par la beauté des mots, par certaines phrases qui me resteront longtemps en tête. Cela dit, le huitième jour de la semaine n'est pas mon livre préféré de l'auteur. Sans être désagréable (la beauté est toujours présente), la lecture ne m'a pas sembler apporter quoi que ce soit de nouveau par rapport aux autres oeuvres que j'ai lues de Bobin.
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» Les textes qui constituent ce recueil de 1986 ont les qualités propres à l'auteur la musicalité de la phrase , la simplicité du vocabulaire et , parfois, le défaut d'un certain hermétisme .
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Comme toujours, Christian Bobin convie ses lecteurs à un voyage intérieur. A la fois personnel et universel, son oeuvre pose les jalons d'une réflexion poétique et nous invite à comprendre l'envers de nos vies. Un récit initiatique qui mène à l'obscur et à la pensée pure. Une oeuvre qui s'inscrit dans la réflexion globale de l'auteur sans pour autant être son meilleur cru.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Ma vie est semblable à l'enfant tumultueux de retour à la maison, gagné par l'ardeur d'un jeu au-dehors : elle me quitte très souvent, elle me revient de loin en loin, encombrée par une émotion que les premiers mots apaisent. Je n'écris que très peu, et ce peu est encore trop, en regard des quelques instants qui éclairent le chemin où je vais : il y a très peu d'événements dans une vie. Parfois, il n'y a que l'événement de son désastre, de son lent engloutissement dans le désastre quotidien. Ainsi perd-on toutes forces dans l'impur mélange des jours. Qu'est-ce donc que la vie ordinaire, celle où nous sommes sans y être ? C'est une langue sans désir, un temps sans merveille. C'est une chose douce comme un mensonge. Je connais bien cet état. J'en sais - par le cœur - la banalité et la violence. L'âme y est comme une ruche, vidée de ses abeilles.
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À l’enfant qui me deman­derait ce que c’est que la beauté
- et ce ne pourrait être qu’un enfant, car cet âge seul a le désir de l’éclair et l’inquiétude de l’essentiel - je répon­drais ceci : est beau tout ce qui s’éloigne de nous, après nous avoir frôlés. Est beau le déséquilibre profond - le manque d’aplomb et de voix - que cause en nous ce léger heurt d’une aile blanche.
La beauté est l’ensemble de ces choses qui nous traversent et nous ignorent, aggravant soudain la légè­reté de vivre. Je lui montrerais le ciel où les anges, en s’essuyant les mains dans un nuage, donnent une peinture de Turner, et je prendrais pour lui une poignée de cette terre, sur laquelle nous allons. Je lui dirais qu’un livre c’est comme une chanson, que ce n’est rien, que c’est pour dire tout ce qu’on ne sait pas dire, et je couperais pour lui une orange. La promenade se poursui­vrait loin dans le soir.
Dans le silence, nous découvririons enfin, lui et moi, la réponse à sa question.
Dans l’immen­sité lumineuse d’un silence que les mots effleurent sans le troubler.



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La leçon de peinture est une leçon de bonté : l'amour se reconnait ainsi dans ce goût du détail, dans ce souci de l'infime, dans cet égard pour ce qui nous est confié et que l'avidité d'une prise anéantirait, comme un moineau tenu dans un poing trop serré. C'est à une fête infinie que nous invitent les plus humbles choses - les fruits comme les pierres, les herbes comme les astres - et il nous faut, pour en jouir, apprendre ce toucher immédiat de l'esprit dont les peintres ont le privilège. Cet exercice permanent de la douceur, cette volonté de simple.
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La beauté est là, au dehors : à l'envers des châtaignes sur les chemins, à l'angle d'une fenêtre, sur le fruit sombre des ronces, sur la poussière des routes et dans le vert des rivières, partout. La beauté, c'est-à-dire la vie. La vie massive et ténue, la vie sans entailles. La vie sans fard.
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Aucun livre ne peut nous sauver de notre vie. Aucune parole ne sait recueillir ces éclats qui nous reviennent et nous élancent, empêchant le soir de descendre, la paix de venir. Il n’y a pas de consolation, puisque tout nous blesse et que rien ne nous fait mourir. Il n’y a que les choses devant nos yeux et la lumière sur ces choses. Il n’y a que ces araignées d’eau que je regarde filer sur la soie d’un étang, fragiles, avançant par saccades comme sous l’accès d’une pensée sans cesse interrompue, sans cesse reprise, inventant la légèreté d’une voie entre les deux éternités massives de l’air et de l’eau.
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Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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