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EAN : 9782070394555
120 pages
Gallimard (12/04/1996)
4.03/5   299 notes
Résumé :
Je suis fou de pureté. Je suis fou de cette pureté qui n'a rien à voir avec une morale, qui est la vie dans son atome élémentaire, le fait simple et pauvre d'être pour chacun au bord des eaux de sa mort noire et d'y attendre seul, infiniment seul, éternellement seul. La pureté est la matière la plus répandue sur la terre. Elle est comme un chien. Chaque fois que nous ne nous reposons sur rien que sur notre coeur vide, elle revient s'asseoir à nos pieds, nous tenir c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Je furetais dans ma petite bibliothèque de village quand soudain je suis tombée sur toi! Je t'ai fait glisser doucement de l'étagère, j'ai découvert ton titre et il m'a plu! Je t'ai retourné alors délicatement et j'ai lu:
" C'est toujours l'amour en nous qui est blessé, c'est toujours de l'amour que nous souffrons même quand nous croyons ne souffrir de rien."
Je t'ai gardé avec moi et j'ai su que toi et moi nous allions faire un petit bout de chemin ensemble.
Et je n'ai pas été déçue du voyage!
En fait je n'aurais jamais espéré lire un tel ouvrage car je n'ai jamais rien lu de tel auparavant. Cela ressemble à de la poésie en prose, à de la philosophie, c'est un récit qui ne dit pas son nom; c'est une pensée qui se livre à moi, comme une confidence.
L'émotion est au détour de chaque page, mais aussi l'analyse intelligente et implacable des travers de notre société:
société de consommation, société de l'image où tout nous est déversé sans analyse comme un immense vomi: où l'on a envie d'entonner la chanson de Stéphane Eicher (qu'il veuille bien me pardonner si j'ai écorché son nom!): "Déjeuner en paix."
Mais l'impression qui se dégage de l'ouvrage est un incommensurable amour, de la lumière à la femme qui se meurt: "l'inespérée".
Merci Monsieur Bobin pour cette rencontre inespérée et je vous dis à Bientôt!
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Christian Bobin est un grand rêveur, un amoureux de la vie et …de l'amour, Et, une fois de plus, il nous montre dans ce recueil qu'il est bien l'écrivain de l'infime en nous racontant le thé sans thé lors d'une dinette avec des enfants, ou bien en fustigeant la télévision, cette « brute geignarde et avinée. »
Christian Bobin redonne son importance à des choses minuscules, tellement banales qu'on ne les voit plus. Il leur redonne de la noblesse en les racontant et, sous sa plume, elles deviennent plus grandes.
Dans ces onze textes brefs, il raconte des choses simples, des histoires de tous les jours, qui ont leur instant de grâce, il traque le désespoir des jours qu'il éclaire de sa joie mystique. Rien ne résiste à sa foi et à son humanisme.
Même en ne faisant rien, on peut découvrir des trésors insoupçonnés, des sensations oubliées. « Ne rien faire, rien dire, presque rien être. Vous y découvrez le coeur subtil du temps, son coeur battu par le rien du sang dans les veines. C'est un état limite dont vous avez besoin, une mince ligne de rien entre l'ennui et le désespoir. »
La vie, il la célèbre obstinément ainsi que l'amour, car l'un ne va pas sans l'autre
« Une vie sans amour est une vie abandonnée, bien plus abandonnée qu'un mort ».
Car l'amour est une chose sérieuse qui exige une lettre car « On ne peut pas écrire une lettre d'amour au téléphone ».

Lire Bobin, c'est se poser en marge du monde, prendre la mesure du silence, retrouver des sensations. Lire sa prose pleine de poésie, c'est revisiter le quotidien, c'est découvrir le lyrisme dans la banalité.
Lire Bobin, ça fait du bien et c'est pour cela que j'aime le lire et le relire.


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Rien, il ne se passe rien dans cet ouvrage. Mais tout, tout y est perçu.
Encore plus intensément que dans la lumière crue des mots, c'est dans le gris, le demi-ton de la phrase que se révèle la noblesse de l'écrit, la puissance évocatrice du verbe de Christian Bobin.

Recueil de nouvelles abordant des thèmes aussi variés que la lumière, l'ignominie des journalistes de la télévision, la nostalgie du « chez soi », du « faire rien » qui nous prend dès que nous sommes ailleurs, la solitude féconde, la perception de la mort, la peur, la foi fugace devant la souffrance.

Les mots de Christian Bobin trouvent le chemin parfait dans les circonvolutions de l'esprit du lecteur. Les phrases sont concises, claires et percutantes. Je les adore pour le simple plaisir de les lire, de constater combien elles me touchent. Il faut les lire vite, en état de lucidité et d'attention parfaits puis laisser faire….
Il reste les images qui imprègnent notre esprit buvardeux et l'éclairent confortablement, plaisamment.
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Il a suffi d'une phrase pour plonger dans la lumière. Une fois encore, Christian Bobin a réussi en si peu de mots, en presque un claquement de doigt, à accomplir comme un miracle, à me faire me sentir toute autre. C'est presque l'inespéré(e). A tel point que cela me donne envie de le raconter, de le partager. Un sourire, ça se partage…
Parler des poésies de Christian Bobin, c'est parler de notre ressenti, de nos émotions. Bobin réussit en si peu de mots à parler de l'essentiel et à nous émouvoir. Si peu de mots, pour faire éclater la beauté, c'est là toute la magie de Bobin. C'est aussi toute la pureté qu'il recherche, qu'il touche de sa plume et qu'il nous offre.
Il rend lumineux le quotidien, il nous rappelle, nous murmure à l'oreille les petits riens qui font tout. Qui font le tout. Qui font le nécessaire, l'indispensable. L'eau, le sourire d'une femme, la beauté du monde, le vent qui souffle dans les arbres, la musique, la solitude, le silence et les autres. Et cela suffit. Parce que tout cela parle d'amour, de sensations et de beauté. Comme des petits bonheurs du quotidien. Rien d'autre n'est nécessaire, presque superflu. Apprendre à se suffire de cela, ne rechercher que cela, dès la lueur du jour jusqu'à la tombée de la nuit. Continuer de s'émerveiller.
J'ai commencé ce livre, l'humeur un peu patraque et à peine deux heures plus tard, je me retrouvais sans presque m'en être rendue compte, à terminer ses histoires, ses poèmes, assise dans un parc, entourée de parterres de roses et autres fleurs éclatantes, une petite brise soufflant et avec un sourire aux lèvres qui faisait tellement de bien à l'âme. En deux heures à peine, en quelques mots si importants, si réjouissants, je me sentais différente, changeante, changée. A la fois plus légère et plus lourde, ayant empli en moi cet essentiel. A la fois si simplement et si incroyablement.
Il a suffi d'une phrase qui a résonné en moi pour que je me sente toute autre. Il ne fait pas que du bien à l'âme mais aussi au corps, littéralement, chaleureusement, vertigineusement.
Et puis, pages après pages, ces mots -explosant dans ma tête- cimentaient la transformation. Il a suffi de ces mots d'une poésie rayonnante, d'une force indicible, d'une telle beauté, d'un tel amour (je sais, cela parait ridicule, dit comme cela, mais encore une fois c'est bien là l'essentiel) pour oublier tout et rentrer dans son monde. Et pour ensuite, ouvrir les yeux et regarder tout autour de moi.
Bobin a le pouvoir de changer mon humeur, souffler sur mes états d'âme, faire voler en éclat mes petits tracas ridicules du quotidien. Il sait cristalliser mes émotions.
Et je voudrais garder en moi ces mots, cette lumière car ils sont des talismans, des grigris contre le mauvais temps, l'humeur maussade. Je voudrais me les graver sur la peau, les implanter dans mon petit cerveau, les injecter dans la cornée pour ne pas oublier leur influence positive et régénérante, et pour succomber encore à leur charme (presque inespéré).


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Une petite pensée pour dancinqbrave qui se délecte aussi de la beauté des mots de Bobin. Des nouvelles diverses qui ne se racontent pas mais qui se savourent. Je continue de penser que Bobin, c'est comme un grand vin, il faut choisir les occasions pour déguster ses paroles et se sentir ainsi mieux face à la vie, surtout celle actuelle.
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Citations et extraits (161) Voir plus Ajouter une citation
"Toutes les peurs viennent de l'enfance, pour la châtier, pour l'empêcher d'aller son cours. Tous les enfants connaissent la peur d'une connaissance intime, personnelle - mais pendant longtemps elle ne les atteint pas dans leur enfance. Ils la contournent, ils la frôlent et même ils jouent avec. Tu as peur des insectes et des uniformes, des mauvaises notes et des chiens, tu as peur des revenants. La peur est comme une avancée du monde adulte dans ton enfance. Elle a sa place , elle a ses heures, elle a ses lieux. Mais elle ne t'arrête pas. Tu tombes, tu as peur de tomber ce qui fait que tu tombes, et puis tu te relèves, tu tombes et la seconde d’après tu éclates de rire. La joie est encore plus forte. Le goût de vivre pour vivre [...]La peur n'est plus comme hier dans le monde, dans les dorures d'une légende ou dans les recoins d'une rue. Elle est maintenant dans l'esprit des adultes. dans le sang de leur sang, dans le coeur de leur coeur. Elle les mène de part en part, elle est enfin venue à bout de l'enfance infatigable. Elle fait les mariages tristes - par peur de la solitude. Elle fait les travaux de force - par peur de la pauvreté. Elle fait les vies absentes - par peur de la mort. Quand elle descend sur l'enfance, la peur s'évapore aussitôt. Quand elle descend sur les adultes, elle reste, elle s'entasse. On dirait de la neige, une neige qui ne tomberait pas sur le monde mais sur l'esprit. La peur qui entre dans un coeur d'adulte rejoint la peur qui y était déjà. Elle s'effondre en elle-même, elle s'ajoute à elle-même comme de la neige grise. Alors tu ne bouges plus. Alors tu t'interdis de bouger sous la neige sale, tu ne sors plus de chez toi, de ton mariage, de ton travail, de tes soucis. En resserrant ta vie tu cherches à diminuer le champ de la peur, à ralentir l'avalanche grise."
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Pour qu'une chose soit vraie il faut qu'en plus d'être vraie elle entre dans votre vie. Or tout ce qu'elle avait vécu s'était passé en son absence, loin d'elle.
C'est une chose qui arrive souvent: on peut rester dix ans célibataire dans un mariage. On peut parler des heures sans dire un mot. On peut coucher avec la terre entIère et rester vierge.
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La télévision, contrairement à ce qu'elle dit d'elle-même, ne donne aucune nouvelle du monde. La télévision c'est le monde qui s'effondre sur le monde, une brute geignarde et avinée, incapable de donner une seule nouvelle claire, compréhensible. La télévision c'est le monde à temps plein, à ras bord de souffrance, impossible à voir dans ces conditions, impossible à entendre. Tu es là, dans ton fauteuil ou devant ton assiette, et on te balance un cadavre suivi du but d'un footballeur, et on vous abandonne tous les trois, la nudité du mort, le rire du joueur et ta vie à toi, déjà si obscure, on vous laisse chacun au bout du monde, séparés d'avoir été aussi brutalement mis en rapport — un mort qui n'en finis plus de mourir, un joueur qui n'en finit plus de lever les bras et toi qui n'en finis pas de chercher un sens à tout ça, on est déjà à autre chose, dépression sur la Bretagne, accalmie sur la Corse. Alors. Alors qu'est-ce qu'il faut faire avec la vieille gorgée d'images, torchée de sous ? Rien. Il ne faut rien faire. Elle est là, de plus en plus folle, malade à l'idée qu'un jour elle ne pourrait ne plus séduire. Elle est là et elle n'en bougera plus. Un monde sans images est désormais impensable. Il y aura toujours de jeunes gens dynamiques pour la servir, pour faire la sale besogne à ta place, à la place de tous les autres, au nom de tous les autres. Il faut laisser aller le bas jusqu'au bas, laisser la décomposition organique du monde se poursuivre. C'est vers la fin déjà, ça va vers sa fin, il ne faut rien toucher à l'agonie en cours, ne surtout pas réparer ce qui se détraque — autant mettre du fond de teint sur les joues cireuses d'une morte. Laisser proliférer les images aveugles: quelque chose vient par en dessous, quelque chose vient à notre rencontre. Il y a dans la douleur une pureté infatigable, la même que dans la joie, et cette pureté est en route dessous les tonnes d'imaginaire congelé. En attendant les images vraies, les images pures de vérité trouvent asile dans l'écriture, dans la compassion de solitude de celui qui écrit, Velibor Čolić, par exemple. Un écrivain yougoslave, il ne fait pas de belles images, il dit ce qu'il voit, c'est aussi simple que ça. Il dit une chose qui se passe à Modrića, en Bosnie-Herzégovine, le 17 mai 1992. Il l'a dit comme une chose éternelle. Il voit dans la singularité d'un lieu et d'un acte l'éternel du monde depuis ses débuts du monde: ainsi tu peux lire sans que le courage sans aille, sans que tu te dises à quoi bon, ainsi tu donnes à la phrase le temps de s'écrire, à la douleur du monde le temps d'entrer dans ton esprit pour y délivrer son sens.
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"Pour qu'une chose soit vraie il faut qu'en plus d'être vraie elle entre dans notre vie."
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C'est toujours l'amour en nous qui est blessé, c'est toujours de l'amour que nous souffrons même quand nous croyons ne souffrir de rien.

Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/
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Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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