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Critique de candlemas


Gaspard de la Nuit est une oeuvre posthume de Louis Jacques Napoléon Bertrand. Pauvre, mort à l'âge de 34 ans, la tentative d'Aloysius de se démarquer de ses maîtres romantiques, Hugo et Walter Scott, n'aboutira que des années plus tard, reconnue par Baudelaire, Mallarmé, et plus tard par les surréalistes.

Gaspard de la Nuit, réputé être l'un des premiers recueils de poésie en prose, intrigue en effet dans sa forme. S'inspirant de la peinture de Rembrandt et de Callot, Aloysius y convoque tout un univers gothique de clochers, châteaux, monastères, où évoluent brigands, gnomes, sorcières et alchimistes. Ses personnages, au premier rang desquels Ondine et Gaspard, sont à l'image de sa poésie en prose : ils semblent errer en eau trouble et mouvante, lunatiques et noirs.

Ce n'est pas l'originalité des thèmes qui se dégage, mais une ambiance particulière, qui me fait un peu aux Contes Fantastiques de Gautier. Les tableaux sont lyriques, parfois non dénués de maniérisme.

Ce faisant, Aloysisus semble bien annoncer Baudelaire, Rimbaud, puis les libérations formelles d'Apollinaire et des surréalistes ; mais l'alchimie du verbe, la convocation de Lucifer semble comme retenue, lascive. Malgré sa recherche d'une forme libre, sa poésie reste bien dans la veine romantique de son temps. La langue y est recherchée, maîtrisée, rigoureuse.

Bref, un recueil qu interpelle agréablement, et vaut d'être lu pour son côté expérimental, traçant un trait d'union entre la poésie plus authentiquement gothique de Villon ou Rutebeuf et les hardiesses des créateurs qui le suivront . Entre Rembrandt à qui il se réfère, et Magritte, qui lui rendra hommage, il est peintre en poésie. Entre les lamentations funéraires et les interprétations modernes de ses personnages par Maurice Ravel, il fait lien aussi en musique. Architecte enfin, il me semble être un peu le Violet-Leduc des châteaux et clochers des siècles passés.
Sa poésie recherchée et peaufinée nous porte dans un monde moyenâgeux de fantaisie, certes pas avec la puissance de Hugo, ni la fougue de Rimbaud, mais dans une dolente ivresse, travaillée et troublante.
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