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Critique de Laureneb


Une oeuvre baroque au sens de bizarre, originale et étrange. Je n'ai pas assez de connaissances pour savoir qui Bertrand annonce ou précède, mais je vois bien la force évocatrices de ses images. Mais plus qu'à des peintures, c'est à des gravures - voire à des enluminures - que j'ai pensé : pas de grands paysages ou de vastes scènes de batailles épiques, mais des descriptions précises, fines et ciselées, où quelques détails permettent de faire surgir tout un monde. Car, oui, sur la thématique, l'oeuvre s'inscrit bien dans le début du romantisme - ou du pré-romantisme. D'ailleurs, presque tous les grands poètes du début du XIXème siècle sont convoqués, par des citations ou des dédicaces, ou par des hommages - Victor Hugo, Lamartine, Chateaubriand, des brigands farouches comme chez Schiller, des chevaliers comme chez Scott... On retrouve ainsi toute la passion de ces auteurs pour le Moyen-Âge et ses donjons, ses bouffons et ses lépreux. Il y a un début d'Orient, l'Espagne mauresque et l'Italie vénitienne, avec masques, églises, moines et bohémiennes.
L'originalité vient donc plus de la première partie, "L'Ecole flamande", car Bruges et Amsterdam sont moins présentes dans notre littérature, lorsque le gris des vapeurs de brouillard montant des canaux transpercé par un rare soleil évoque Rembrandt, évoqué en premier dans la préface par l'auteur lui-même. Mais il y a peut-être plus de Callot - le Callot de la guerre de Trente Ans, qui montre les horreurs de la guerre : que de pendus !
J'ai donc cru qu'il y a aurait peut-être trop de clichés, mais j'ai finalement été séduite par la beauté de la langue, sa force évocatrice et immersive, où il suffit de peu de mots pour faire surgir un monde.
Je regrette néanmoins que les femmes soient si peu absentes, ou seulement de façon éthérée, le poète y pense de façon spirituelle, pas charnelle. Je regrette aussi un peu la briéveté de la majorité des poèmes, qui évoquent un décor et s'arrêtent là si je peux dire, alors que j'aurais eu envie que "l'histoire" continue.
Dans le dernier poème, assez déchirant, "A M. de Sainte-Beuve", le poète se compare lui-même à un "fou qui écrit un livre", qu'il faut lire tel quel "avant que les commentateurs ne l'obscurcissent de leur éclaircissement", et je m'en veux d'avoir cherché à le comprendre au lieu de le ressentir.
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