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Critique de dvall


En l'absence des hommes, c'est d'abord le rappel de cette guerre qui soustrait les hommes capables de se battre et laisse ceux qui restent dans l'expectative de ce qui va advenir, dans le confort des salons ou l'oisiveté des palabres. C'est un garçon de seize ans né avec le siècle et qui, au cours du même été, expérimente l'amitié de ce grand écrivain recherchant le temps perdu, tout en découvrant l'amour dans les bras d'un jeune soldat en permission. Les jours de Vincent sont pour son ami Marcel, ses nuits pour son amant Arthur.

Trois parties dont les temps se rétrécissent composent ce court roman. Dans la première, Vincent couche sur ses cahiers d'écolier les deux rencontres de cet été qui vont bouleverser son existence. Vincent a les yeux verts, les cheveux sombres et une peau de fille. Il sait la portée des silences et de la désinvolture. Sa grande maturité se pare d'une distance froide face au monde qui l'entoure. Cela pourrait paraître du dédain, mais son détachement est sa liberté. Marcel consacre sa vie à magnifier le passé, Arthur redoute ce futur qui le rendra aux combats, Vincent ne jure que par l'instant présent.

La seconde partie donne un autre sens au titre du roman. Vincent est séparé de son amant qui doit rejoindre le front, ainsi que de son ami qui est appelé loin de Paris. Les hommes auxquels il s'est lié sont absents. Reste le verbe. C'est donc au travers de relations épistolaires que Vincent garde le lien avec eux. La posture qui pouvait rendre l'adolescent antipathique au début du récit s'efface pour laisser place à une fragilité nouvelle. Étrangement, la manière trop mécanique de débuter chaque prise de parole par « je dis », « tu dis », « vous dites » lorsque les corps se faisaient face, cède ici la place à une plus grande fluidité des échanges. L'absence comme révélateur.

Sur la troisième partie, la plus courte et aussi la plus surprenante, je ne dirai rien. Ce premier roman de Philippe Besson évoque avec pudeur la lumière et la douleur de l'attachement, ainsi que cette époque où « l'inversion » en matière d'amour était encore inconcevable.
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