Quelle que soit l'affaire sur laquelle on enquête,travailler avec vous est une chance qui ne se refuse pas.
Et c'est sans parvenir à y croire elle-même qu'elle dut inclure sa mère dans la liste des suspects.
Ce mot de la bible se traduit par " tu peux ". C'est un mot à la fois grisant et terrifiant parce qu'il dit une chose fondamentale sur l'homme : contrairement aux animaux qui fonctionnent à l'instinct, l'homme est libre de choisir ses actions. Il est libre de faire le bien ou le mal. Il peut contrôler ses instincts, il peut influencer sa nature. Or faire le bien demande un effort. Et c'est lorsque l'homme fait cet effort qu'il devient pleinement humain. Un effort d'autant plus important que la vie nous tente sans cesse pour nous pousser à choisir la facilité du mal. Et toi, malgré tes doutes, tes angoisses tes peurs, tu as été grande et tu as toujours choisi le bien. Je voudrais que, quoi qu'il t'arrive, tu n'oublies jamais que tu as eu cette force. Si un jour tu perds confiance en toi, si tu ne t'estimes plus, souviens toi de ce mot : Timshel, " tu peux ".
Sarah et Adrian ralentirent la cadence aux abords de l'étang. Une clairière aquatique cernée par des arbres dont les branches surplombaient l'eau comme autant de doigts crispés au-dessus d'un trésor convoité. De jour, le miroitement des frondaisons aux couleurs fauves devait être hypnotique. Mais à cette heure tardive, le flamboiement automnal disparaissait sous l'épais brouillard débordant sur les rives
De quelle folie ces femmes et hommes avaient-ils été les témoins ? Pourquoi craignaient-ils encore tant ce lieu ? Était-ce par superstition, ou se souvenaient-ils d'un drame bien réel ?
Sarah fut touchée par la bienveillance du légiste. Et cette douceur qu’elle n’avait pas connue depuis un an libéra une telle tension qu’elle ne put retenir les larmes qui embuèrent son regard. Les gouttes qui coulaient sur son visage apportaient à ses lèvres le goût salé de la tristesse. Thobias la prit doucement dans ses bras.
En cet instant, tout l’amour qu’elle avait pour son père jaillit en elle et fit exploser son cœur. Elle avait mal, tellement mal. Secouée par les spasmes du chagrin, Sarah s’en voulait. Elle s’en voulait à la fois d’aimer son père et de le détester de ne leur avoir dit qu’une seule fois dans sa vie ce qu’il ressentait pour elle et sa sœur. Pourquoi n’avait-elle pas cherché à savoir avant ce qu’il ressentait au fond de lui ? Maintenant, il était trop tard. Son père, cet inconnu, était mort.
Le seul objet plus personnel était une photo dans un cadre. Sur le cliché, son père, déjà âgé, était souriant, entouré de ses deux filles adolescentes et de sa femme. La photographie avait été prise devant la maison. Sarah s’en souvenait d’autant mieux que son père avait ce jour-là osé leur dire qu’il les aimait. Ce fut la seule fois.
Les larmes à la lisière des paupières, Sarah reposa le cadre et ouvrit un tiroir du bureau. Elle y trouva des pochettes de documents administratifs qu’elle éplucha, assise dans le profond fauteuil de son père.
« Les fantômes hantent l’île du Diable pour l’éternité. »
« Et ne cherche pas à détruire les preuves, je les ai cachées , là où tu n’oseras jamais aller les chercher. »
Personne dehors, pas même un chien ou un chat curieux se faufilant entre les écharpes de brume. Le hameau aurait pu être endormi , mais figé dans son silence, il avait plutôt l’air mort.