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Critique de JIEMDE


Thème cher aux impressionnistes qui n'aimaient rien tant que de peindre sur le motif, « la partie de campagne » a ses codes : éloignement de la grande ville, soleil omniprésent, masure traditionnelle, déjeuner en extérieur, et peinture bien entendu. À cet exercice académique, Mika Biermann ajoute une touche sulfureuse : le sexe, le plaisir, l'interdit, le frisson.

Mariée depuis six mois à Eugène Manet, le frère d'Edouard, Berthe Morisot n'a consommé cette union que trois fois. Dans le noir, la pudeur et le conformisme. Celui qui rassure autant qu'il frustre. Une situation que cette instigatrice d'un mouvement qui renversa la table, l'institut et le Salon supporte difficilement. Quand tant de passion et de créativité explosent au contact de Claude, Pierre-Auguste, Edgar ou Stéphane, comment se contenter du conventionnel amoureux ?

Durant cette parenthèse, la chaleur va rapprocher les corps ; l'anonymat soudain libérer les interdits ; et Nine, jeune sauvageonne villageoise devenue servante opportune, va servir de détonateur à la libération de passions qui n'attendaient qu'une occasion pour exploser. Après tant de temps passé à peindre les corps, Berthe va se les approprier : celui d'Eugène, de Nine mais aussi le sien.

Mélangeant les approches artistiques, poétiques et érotiques, Mika Biermann tient le fil de sa courte histoire grâce à un style délicat qui ne verse jamais dans le graveleux, mais interroge les âmes et les corps sur leur rapport aux autres et à la nature, omniprésente. Une réflexion doublée d'un regard féministe qui, replacé dans son époque comme dans l'histoire des mouvements picturaux, rappelle l'importance de Berthe Morisot dans un mouvement dont elle fut longtemps l'injuste oubliée.
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