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Critique de Patsales


Que ceux qui ont aimé frissonner devant la rivalité de Salieri et de Mozart se rassurent: il est d'autres tâcherons qui contemplent avec désespoir la supériorité injuste des génies: les premiers de leur siècle.
Encore que.
Christophe Bigot a choisi un angle mort des plus pertinents: Henri Lehmann, second couteau de la peinture française, a intimement connu Ingres, Chasseriau, Liszt, Mme d'Agoult et, dans une moindre mesure, Chopin et Delacroix; il a adulé leur talent si supérieur au sien et pâti de leurs mesquineries, lui, doux et médiocre, eux, génies égoïstes.
Le livre est agréable à lire et guide aimablement son lecteur entre "Voici" pour les amours tumultueuses et souvent sordides et "Connaissance des arts" pour la rivalité de la ligne et de la couleur.
Mais le postulat initial sent son procédé. Christophe Bigot veut à tout prix faire de Lehmann un raté, au prix de contorsions peu acceptables. Son peintre est admiré, on lui passe mainte commandes, mais le chapitre XXXV s'ouvre sur cette parole comminatoire: "J'avais échoué dans l'art". Il connaît des deuils mais son ménage semble paisible et heureux, il vit confortablement, entouré de ses petits-enfants. Et page 398, il se plaint d'avoir "payé un si lourd tribut" à la Providence. Lehmann nous affirme que sa vie et son art sont un échec mais rien de tangible ne vient étayer cet aveu.
Trop souvent, donc, le narrateur veut qu'on le croie sur parole. Marie d'Agoult fait tourner toutes les têtes, nous dit-il, ce que d'ailleurs nous ont appris les livres d'histoire. le problème, c'est que rien, dans ce qu'il nous dit d'elle ne permet de comprendre l'ascendant qu'elle pouvait bien exercer. Elle avait un esprit étourdissant, répète-t-il. Mais les discours qu'il lui fait tenir ne nous montrent guère mieux qu'une pécore de sous-préfecture fielleuse et geignarde.
Cette opposition constante entre ce que dit le texte (je suis un raté, Marie d'Agoult me subjugue, l'influence d'Ingres a empêché mon épanouissement artistique, etc.) et ce que montre ce même texte ( Lehmann a plutôt réussi sa vie et Marie d'Agoult peut difficilement être rangée parmi les grandes figures du siècle) n'a cessé de contrarier ma lecture .
Mais j'ai au moins plongé dans Wikipédia avec plaisir et je suis tombée en admiration devant le portrait de Clémentine Karr. Vingt Dieux la belle ouvrage! Même s'il ne suffit pas à réhabiliter à mes yeux le roman de Bigot.
Encore que.
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