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3,98

sur 404 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sur un coup de tête et sur le conseil d'un ami, me voici lancé à la découverte d'Enki Bilal, son trait si particulier et ses idées farfelues ! Et j'avoue que ce premier tome de la Tétralogie du Monstre m'a bien emballé !

Avec la Tétralogie du Monstre, Enki Bilal se plonge dans sa science-fiction favorite, celle du dur, du glauque et du visqueux. Mêlant sa propre expérience (la guerre du Kosovo évidemment plus qu'il est lui-même d'origine yougoslave) et sa vision apocalyptique toute personnelle du futur (New York 2026), l'auteur poursuit d'une certaine façon sa quête dans un futur très déplaisant après la Trilogie Nikopol. Il mélange ici une quantité incroyable de thèmes forts qu'il brasse dans un déluge de graphismes tiraillés : intégrisme, urbanité apocalyptique, Histoire, extrapolation de la technologie et traumatismes du déchirement sont habilement mêlés dans ce premier tome pour créer une atmosphère oppressante à souhait.
En effet, on est véritablement torturé de toutes parts ici et Enki Bilal manie sa plume et son crayon de main de maître pour nous confronter à l'horreur et au suspense. Les textures priment ici tant dans le scénario que dans le dessin : ce monde quasiment apocalyptique, ce futur vicié regorge de particules indéfinissables dont la némésis des trois personnages principaux elle-même ! Malgré le côté lugubre de l'ensemble de ce monde possible que dépeint Enki Bilal, on se plaît alors à se raccrocher à l'humanité qui réside dans les trois personnages principaux : Nike, Samir et Leyla. Dans ce premier tome, l'auteur nous raconte leur rencontre, mais leur destin ne se croise pas véritablement ici ; leur relation est malgré tout bien présente dans le récit de leur toute première enfance et le triple récit au présent où s'entrecroisent leurs aventures. D'ailleurs, comme l'indique, nous en sommes au Sommeil du Monstre, ce tome n'est qu'une longue introduction : le mal ne viendra véritablement que plus tard.

On peut donc reprocher, de manière très générale, beaucoup de choses à Enki Bilal sur la complexité de ses scénarios ou bien sur celle de ses dessins, mais bizarrement je n'ai eu absolument aucun mal à me plonger dans cet opus-ci ; bien au contraire, l'histoire m'a happé d'un seul coup et ne m'a relâché qu'une fois la dernière page lue et digérée. Même si la suite est moins homogène, ni aussi bien construite, je ne peux que conseiller ce premier tome de la Tétralogie du Monstre.

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Trois bébés sont nés à quelques jours près dans une maternité bombardée, à Sarajevo (oui, ça existe, des personnes capables de bombarder des maternités).
Nous sommes maintenant dans un futur proche, et ces trois bébés sont devenus adultes. Leurs chemins se sont éloignés. Mais face à la menace grandissante du "double O" contre la science, le savoir et la culture, quelle voie chacun des trois va-t-il prendre ?
Quel plaisir de voir Enki Bilal dans la sélection du Challenge solidaire !
Ça m'a permis, et d'une un petit coup de nostalgie – je l'avais tellement lu, étant jeune - et de deux, un nouvel émerveillement devant la beauté de cet album.
Beaucoup d'émotion dans les souvenirs de cette maternité bombardée, dont le plafond crevé s'ouvre sur le ciel étoilé.
Beaucoup d'art dans ces dessins magnifiques aux couleurs somptueuses.
Beaucoup de subtilité et d'invention dans l'intrigue et dans la psychologie des personnages.
Et curieusement, beaucoup de résonance avec l'actualité de 2023.
Une totale réussite.
Challenge Solidaire 2023
Challenge Bande dessinée 2023
Challenge Globe-trotter (Bosnie-Herzégovine)
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J'aime beaucoup l'univers et les dessins inimitables de Bilal. Ses histoires ne sont jamais simples et une fois de plus j'ai mis du temps à tout comprendre, mais une fois dedans on plonge. On veut en savoir plus sur Nike et sa mémoire phénoménale, Amir et Leyla, leurs liens et leur passé commun.
Lien : http://latetedelart2.blogspo..
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Nike, Leyla et Samir sont nés à Sarajevo, ils ont tous les 3 été bébés dans un hôpital bombardé, éventré. Des années plus tard, Nike Hatzfeld se souvient. La mémoire est cruciale chez lui. Il va égrener tout au long de l'album ses 18 premiers jours, dont il garde des souvenirs. Nike Hatzfeld est un être hors du commun, il constitue donc une cible pour le groupuscule religieux reprenant les fondamentalistes des trois religions monothéistes.

Nike Hatzfeld cherche à retrouver Leyla et Samir. Elle est astrophysicienne, à l'écoute des signaux venant de l'espace. Ces signaux menacent les religions monothéistes. A travers Hatzfeld, en le remplaçant par une doublure cybernétique, Warhole, le numéro 3 du groupuscule religieux, entend faire exploser le site d'écoute. D'ailleurs, science et culture sont les bêtes noires de cet ordre obscurantiste.

Et tant qu'à parler de bêtes noires... Warhole se sert de mouches. Ces mouches que Samir attrapait déjà dans son berceau.

Enki Bilal est natif de Belgrade, il y a vécu 9 ans, et ici il nous offre une Sarajevo futuriste. On sent que l'enjeu est de taille, que cela le touche. Il dessine des hommes blessés, froissés, éclatés. Des chairs à vif. Des corps meurtris. Des esprits broyés.

J'ai pensé à Dantec à de multiples reprises. Mais un Dantec intelligible, sniper, qui aurait une cible, un target à atteindre dans la Sniper Alley...

Bilal livre un scénario impeccable nourri de dessins imparables. Et vice versa.
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Une très bonne découverte de l'univers d'Enki Bilal : ce premier tome nous fait découvrir trois personnages, qui ne semblent être liés (pour l'instant) que par leur lieu de naissance. En effet ils sont tous les trois venus au monde à Sarajevo, dans ce pays que l'on appelait alors Yougoslavie, et cela sous un déluge de bombes.
Des années plus tard, en 2026, Nike, Amir et Leyla ont grandi, ont pris des chemins différents. Nike aimerait les retrouver et avec eux faire face à la menace actuelle d'un groupe radical religieux, visant à éliminer science, éducation et culture.
Une belle lecture, avec des personnages que j'ai très envie de suivre. Les décors sont très beaux, parfois sombres et décrivant une réalité très dure, mais fascinants tout de même (le toit éventré de la maternité par exemple).
Je file vers le tome 2.
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Je suis toujours très sensible à l'univers d'Enki Bilal, tant graphique que scénaristique ; et ce Sommeil du Monstre m'a enchantée. Publié en 1998, c'est le premier tome d'une tétralogie futuriste, politique, apocalyptique, scientifique. Mais c'est surtout une oeuvre de mémoire, tant de l'humanité qu'individuelle..

L'intrigue se place en 2026. L'avenir est pris à la gorge par le fanatisme religieux, très moderne (et saisissant) dans ses outils de robotisation humaine et de manipulations scientifiques, mais toujours archaïque dans les attentats, l'aveuglement, l'ignorance forcée, les destructions et l'omnipotence. L'Obscurantis Order a été créé "par des groupes dissidents issus de courants sectaires des trois principales religions monothéistes (judaïsme, christianisme, Islam)". (mettre tous les barjots de Dieu dans le même panier et qu'ils réussissent à s'entendre, fallait oser quand même)

Mais l'histoire ici passe aussi par 1993, où un enfant naît dans les rues de Sarajevo bombardé. Quelques jours plus tard, ils sont trois sur un même lit d'hôpital, "leurs têtes encastrées les unes dans les autres et leurs corps tendus comme les branches d'une étoile" : trois nouveaux-nés orphelins, Nike, Amir et Leyla, trois voix liées par-delà le temps, trois destins que l'on découvre au long de ce Sommeil du Monstre, et qui - enfin ? A nouveau ? - s'emmêlent.

Le scénario est très travaillé, c'est un régal. L'ensemble est sombre et violent,
mais également porteur d'espoir. Bilal ne cesse jamais de croire en l'homme, capable du plus abject pire, certes, mais aussi du plus lumineux meilleur. Et l'étincelle naît du lien. Tant qu'il y aura de l'attachement, de l'amitié, de l'amour, il y aura de l'espoir. C'est ainsi que je perçois cette oeuvre. Les trois clés de l'avenir lovées en équilibre sur leur destin ; Nike, Amir et Leyla.

(En parenthèse, d'ailleurs, le trois a toujours été un symbole fort, la trinité, le triskell celte. le deux c'est Bien ou Mal, assez simpliste, sans nuances ; et le quatre c'est trop lourd, presque figé... alors que le trois, lui, ouvre toutes les possibilités, tant ésotériques que scénaristiques !)
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Nike, Amir et Leyla naissent orphelins à Sarajevo en 1993. Nous les retrouvons en 2026 dans un monde futuriste. Nike se souvient du jour de sa naissance et de ce qui a suivi. Il recherche ses compagnons.
E. Bilal nous entraîne dans les méandres de la mémoire et dans le futur dominé par l'Obscurantis Order, organisation terroriste.
J'adore le dessin d'Enki Bilal, le scénario très complexe (une deuxième lecture m'a permis d'en apprécier tous les détails) et sa vision noire du futur. A découvrir la suite.
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J'ai découvert l'univers d'Enki Bilal pendant mon adolescence, et c'est à chaque fois un plaisir de s'y replonger et de relire ces volumes qui laissent toujours une forte impression une fois refermés. Ils permettent d'entreprendre un voyage d'anticipation dans un monde apocalyptique, violent et froid, souvent cauchemardesque mais aussi très sensuel. Les traits graphiques si particuliers de Bilal, plus proche des beaux-arts et de la peinture que de la bande-dessinée classique, donnant vie aux personnages d'une manière intense, comme s'ils étaient incarnés, littéralement.
Le Sommeil du Monstre, premier tome de ce cycle fascinant, autant pour son graphisme que pour sa narration, met en scène trois personnages aux destins mêlés, venus d'un orphelinat de Sarajevo en guerre, confrontés à leur mémoire (particulièrement Nike qui possède des facultés de souvenirs exceptionnels) et à un monde hostile qui cherche à broyer les individus, en utilisant, pour ce faire, arrestations arbitraires, attentats, déstabilisation politique visant les démocraties... La seule lueur d'espoir étant l'amour. le cycle, suit d'ailleurs les deux couples emblématiques autour desquels l'histoire est articulée : Nike et Leyla d'un côté, Amir et Sasha de l'autre. L'ensemble est au final très poétique, métaphysique, rythmé de pulsations cardiaques...
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EXTRAIT "Non, décidément, Bilal n'aime vraiment pas son futur joyeux, apaisé et rayonnant. Il le préfère glauque, sombre, en danger. Même s'il ne décrit pas totalement le monde politique dont il fait cadre, on pressent que les choses vont mal. L'existence des terroristes de l'Obscurantis Order en est un symptôme flagrant.
Et pourtant, dès le premier tome de cette série, il y a une lueur d'espoir évidente. Chez Bilal, elle vient de l'espace, pas de la Terre. "
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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