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Citations sur L'invention de Morel (52)

Ne rien espérer de la vie, pour ne pas la risquer ; se considérer comme mort, pour ne pas mourir.
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Je dois craindre les espoirs.
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Le lecteur attentif a pu retenir de mon rapport une énumération d'objets, de situations, de faits à tout le moins surprenants ; le dernier est l'apparition des actuels habitants de la colline.
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Je crois que nous perdons l'immortalité parce que la résistance à la mort n'a pas évolué ; nous insistons sur l'idée première, rudimentaire, qui est de retenir vivant le corps tout entier. Il suffirait de chercher à conserver seulement ce qui intéresse la conscience.
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Il y aura cette inscription :
Sublime, non pas lointaine et mystérieuse,
Avec le silence vivant de la rose.
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J’éprouvai de la répulsion, presque du dégoût, pour ces gens et leur inlassable activité répétée. Ils se montrèrent plusieurs fois, là-haut, sur la crête. Vivre dans une île habitée par des fantômes artificiels était le plus insupportable des cauchemars ; être amoureux d’une de ces images était encore pire qu’être amoureux d’un fantôme (mais peut-être avons-nous toujours désiré que la personne aimée ait une existence de fantôme).
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J’écris ces lignes pour laisser un témoignage de l’hostile miracle. Si d’ici quelques jours je ne meurs pas noyé, ou luttant pour ma liberté, j’espère écrire la Défense devant les Survivants et un Éloge de Malthus. J’attaquerai, dans ces pages, les ennemis des forêts et des déserts ; je démontrerai que le monde, avec le perfectionnement de l’appareil policier, des fiches, du journalisme, de la radiotéléphonie, des douanes, rend irréparable toute erreur de la justice, qu’il est un enfer sans issue pour les persécutés. Jusqu’à présent je n’ai rien pu écrire, sinon cette feuille, qu’hier encore je ne prévoyais pas. Que d’occupations dans une île déserte ! Que la dureté du bois est implacable ! Combien plus vaste l’espace que le vol de l’oiseau !
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Un Italien, qui vendait des tapis à Calcutta, m’a donné l’idée de venir ici ; il m’a dit (dans sa langue) :
– Pour un persécuté, pour vous, il n’y a qu’un endroit au monde, mais on n’y vit pas. C’est une île. Des Blancs y ont construit, vers 1924, un musée, une chapelle, une piscine. Les bâtiments sont terminés, abandonnés.
Je l’interrompis, sollicitant son aide pour le voyage ; le marchand reprit :
– Ni les pirates chinois ni le navire peint en blanc de l’Institut Rockefeller ne la touchent. Elle est le foyer d’une maladie, encore mystérieuse, qui tue de la surface vers le dedans. Les ongles, les cheveux tombent, la peau et la cornée meurent, puis le corps, au bout de huit à quinze jours. Les membres de l’équipage d’un vapeur qui avait mouillé devant l’île étaient écorchés, chauves, sans ongles – tous morts – quand le croiseur japonais Nomura les trouva. Le vapeur fut coulé à coups de canon.
Pourtant, si horrible était ma vie que je résolus de partir… L’Italien voulut me dissuader ; j’obtins qu’il m’aide.
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Aujourd’hui, dans cette île, s’est produit un miracle. L’été a été précoce. J’ai disposé mon lit près de la piscine et je me suis baigné jusque très tard. Impossible de dormir. Deux à trois minutes à l’air suffisaient à convertir en sueur l’eau qui devait me protéger de l’effroyable touffeur. À l’aube, un phonographe m’a réveillé. Je n’ai pas eu le temps de retourner chercher mes affaires au musée. J’ai fui par les ravins. Je suis dans les basses terres du sud, parmi les plantes aquatiques, exaspéré par les moustiques, avec la mer ou des ruisseaux boueux jusqu’à la ceinture, me rendant compte que j’ai précipité absurdement ma fuite. Je crois que ces gens ne sont pas venus me chercher ; il se peut, même, qu’ils ne m’aient pas vu. Mais je subis mon destin : démuni de tout, je me trouve confiné dans l’endroit le plus étroit, le moins habitable de l’île, dans des marécages que la mer recouvre une fois par semaine.
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Livre extraordinaire. Le style est très efficace : d'abord on le trouve très laid, au point d'en être mal à l'aise, mais vite on sent qu'on est pris par ce malaise, on ne peut plus lâcher le récit. Les "apparitions" d'abord mystérieuses reçoivent une explication simple, mais cette simplicité fait encore mieux ressortir la complexité, la richesse du narrateur et le mystère qui l'entoure (qui est il? d'où vient il? qu'a t il fait ?). J'avoue que j'avais été un peu refroidi par la préface de Borges. Il présente "l'invention de Morel" comme un livre ingénieux et c'est justement ce qui me gêne souvent chez Borges : ls idées qui sont derrière ses récits sont si malines et si présentes que le récit lui-même y perd à peu près toute sa valeur littéraire (en tout cas, pour moi) et donc presque tout son intérêt. Ici c'est juste le contraire : l'idée ingénieuse (la fameuse invention), renforce l'intérêt du "reste" de l’œuvre au lieu de l'épuiser. En ce sens on est bien plus proche de "la jetée" de Chris Marker que de Borges (et donc bien au dessus de Borges, mais cette appréciation n'engage que moi).
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